VIENNE (awp/afp) - Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), réunis en visioconférence, ont commencé samedi à débattre des suites de leur réduction drastique de la production mise en place pour contrer les effets de la pandémie de coronavirus.

Leur réunion, initialement prévue la semaine prochaine, a débuté peu après 12H00 GMT (14H00 à Paris).

Les 13 pays du cartel retrouveront leurs 10 alliés de l'Opep+, dont la Russie, à l'occasion d'une seconde réunion prévue à 14H00 GMT, selon un communiqué de l'organisation.

L'arme habituelle du cartel, fermer le robinet pour soutenir les prix, a été cette année employée avec une vigueur qui fera date. Après un accord arraché le 12 avril, ce sont pas moins de 9,7 millions de barils par jour (mbj) que les pays signataires de l'Opep+ devaient ensemble retirer du marché depuis le 1er mai pour faire face à une chute de la demande sans précédent aggravée par la pandémie de coronavirus.

Les termes de cet accord précisent que la réduction de la production évolue dans le temps: à compter du 1er juillet les coupes doivent passer à 7,7 mbj, jusqu'en décembre, puis à 5,8 mbj de janvier 2021 à avril 2022.

"Il semble maintenant très probable (que l'Opep+) prolonge d'un mois supplémentaire les réductions actuelles de mai-juin", estime Bjørnar Tonhaugen, analyste chez Rystad Energy.

Certains observateurs de marché tablent sur une prolongation plus longue encore, jusqu'à la fin de l'été voire de l'année. Car même s'il est en marche dans de nombreuses régions du monde, le déconfinement n'a pas ramené la consommation de brut à son niveau d'avant crise, déjà inférieur à l'offre à l'époque.

Respecter son quota

Comme souvent, les négociations s'annoncent tendues entre la Russie et l'Arabie saoudite, les deux poids lourds de l'entente, qui ont même déclenché une courte mais intense guerre des prix après l'échec de précédentes négociations début mars.

La conformité entre les engagements pris par les pays et leur mise en oeuvre pourrait constituer la principale pierre d'achoppement: ce sujet épineux "complique les efforts" de tout le groupe, d'après Al Stanton, analyste chez RBC.

Selon les calculs du fournisseur de données Kpler, le cartel élargi a réduit sa production d'environ 8,6 mbj en mai, soit 11% de moins que le volume prévu.

L'Irak et le Nigeria sont pointés du doigt, mais ce dernier a ouvert la porte samedi à une compensation en juillet, août et septembre du surplus pompé depuis début mai.

Autre caillou dans la chaussure de l'alliance construite autour du cartel, le Mexique a écarté vendredi toute nouvelle baisse de sa production: "nous ne pourrions pas ajuster davantage notre production", a déclaré le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador au cours de sa conférence de presse quotidienne, taclant au passage, sans les nommer, les pays qui n'ont pas rempli "leur part du contrat".

Malgré ces doutes, la politique de l'Opep a montré son efficacité puisque les cours sont remontés en ce début juin autour de 40 dollars le baril pour la référence américaine, le West Texas Intermediate (WTI), et son équivalent européen, le Brent de la mer du Nord.

Ils avaient atteint des plus bas historique aux alentours du 20 avril, heurtant la barre des 15 dollars pour le Brent et passant même en négatif pour le WTI.

Ce sommet, prévu initialement les 9 et 10 juin, a été avancé sur proposition du ministre algérien de l'Énergie Mohamed Arkab, lequel assure la présidence tournante de l'Opep.

La réunion a lieu par visioconférence, en raison des restrictions de déplacement.

afp/rp