Milan (awp/afp) - Le fabricant italien de voitures de luxe Ferrari a encore revu à la baisse lundi ses prévisions pour 2020 en raison de l'impact de la pandémie de coronavirus qui l'a contraint à stopper sa production pendant sept semaines.

Le constructeur avait déjà abaissé début mai ses prévisions.

Il vise désormais un chiffre d'affaires supérieur à 3,4 milliards d'euros, contre une fourchette entre 3,4 et 3,6 milliards en mai et plus de 4,1 milliards avant le déclenchement de la pandémie.

Parmi ses autres objectifs, il prévoit un Ebitda (excédent brut d'exploitation) ajusté entre 1,075 et 1,125 milliard d'euros, contre 1,05 à 1,2 milliard en mai.

La marque au cheval cabré a vu son bénéfice net s'effondrer de 95% au deuxième trimestre, à 9 millions d'euros, en raison de l'épidémie.

Ce résultat, à comparer aux 184 millions enregistrés un an plus tôt, est légèrement inférieur aux attentes (11 millions).

Son chiffre d'affaires a lui diminué de 42% à 571 millions d'euros, contre 594 millions pronostiqués par les analystes.

"Comme nous nous y attendions, nos résultats du deuxième trimestre ont été faibles, mais honnêtement, ils sont en ligne avec nos attentes. Ils reflètent le moment très difficile auquel nous sommes tous confrontés", a commenté le patron de Ferrari Louis Camilleri lors d'une conférence avec les analystes.

Ces résultats "ne reflètent pas ce que cette magnifique entreprise est capable de faire", a-t-il ajouté, tout en soulignant, côté éléments positifs, que la marge d'Ebitda des activités principales s'élevait à quelque 20% sur le trimestre, témoignant de la force de Ferrari.

Les livraisons de voitures ont été divisées par deux par rapport à l'an passé, avec 1.389 bolides remis.

Cette chute s'explique à la fois par l'arrêt de la production entre mars et début mai sur ses sites de Maranello et de Modène, en Italie, et de celui de la distribution à travers le monde, en raison des mesures de confinement prises pour endiguer l'expansion du virus.

Lancement retardé

Celui-ci a notamment retardé le lancement de la production du nouveau modèle SF90 Stradale -- dont les premiers bolides devraient finalement être livrés au quatrième trimestre --, une des raisons principales de l'abaissement des prévisions, a souligné M. Camilleri.

Le groupe avait averti en mai que la pandémie aurait "un impact surtout sur les résultats du deuxième trimestre", après une chute -- très limitée -- de 8% de son bénéfice net et de 1% de son chiffre d'affaires sur les trois premiers mois de l'année.

Au deuxième trimestre, les revenus provenant de la vente de voitures ont diminué de 41% et ceux liés à la sponsorisation et à la marque de 37% en raison du démarrage retardé de la saison de F1 et de la moindre fréquentation de ses magasins et musées. Les ventes de moteurs ont elles dévissé de 61% du fait de la baisse des livraisons au constructeur Maserati.

M. Camilleri a souligné que le portefeuille de commandes continue à être "solide", supérieur à celui de l'année dernière, et que "les annulations ne sont pas significatives".

De plus, a indiqué le groupe, "la redéfinition du plan de production prévoit une récupération d'environ 500 véhicules sur les 2.000 perdus pendant la suspension de la production".

Mais le constructeur évoque les "incertitudes concernant le reste de la saison 2020" de Formule 1: "pour le moment 13 compétitions (sur 22 prévues à l'origine NDLR) sont confirmées, dont nombre pourraient se disputer sans spectateurs".

Pour faire face à la nouvelle situation, Ferrari, qui reste optimiste pour ces résultats 2021, a notamment décidé de réduire ses coûts.

A la Bourse de Milan, les investisseurs accueillaient très positivement ces annonces. Vers 14H30 GMT, le titre gagnait 3,6% à 156,8 euros dans un marché en hausse de 1,5%.

Le cours était soutenu par la troisième place conquise dimanche par le pilote Charles Leclerc sur le circuit de Silverstone, grâce à la crevaison de Valtteri Bottas.

M. Camilleri a souligné que "la saison était très difficile, avec un manque de performance sur différents aspects. Nos concurrents sont incroyablement forts".

"Notre équipe travaille jour et nuit pour améliorer les voitures (...) Nous avons une équipe de talent. J'ai confiance", a-t-il dit, ajoutant: "cela prendra du temps mais notre détermination à atteindre notre ambition reste intacte".

afp/rp