par Yann Le Guernigou et Matthieu Protard

Dans un communiqué publié en fin de journée, elle a indiqué qu'elle s'était assurée, de concert avec le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, et le président de l'Autorité des marchés financiers, Michel Prada, "que toutes les mesures étaient prises pour minimiser les répercussions" de cette crise en France.

"Les autorités françaises suivent la situation du groupe Lehman Brothers en étroite concertation avec les autres autorités concernées, tant au plan international qu'européen, qui agissent en vue de préserver le bon fonctionnement des marchés et des systèmes financiers. Elles restent en relation étroite avec l'ensemble des acteurs du marché qui entretiennent des liens d'affaires avec le groupe Lehman Brothers", souligne la ministre.

Elle ajoute que les engagements des établissements de crédit français sur Lehman Brothers "demeurent limités" et que Paris reste très vigilant sur l'évolution de la situation des marchés financiers.

RISQUE DE CONTREPARTIE

Les banques françaises n'ont pas publié de chiffres précis sur leur exposition à Lehman Brothers mais ont diffusé des messages au marché laissant entendre clairement que celle-ci était limitée et bénéficiait, pour ce qui est du risque de contrepartie sur des transactions de marché, de sûretés sous forme de collatéral.

Elles ont néanmoins décroché en Bourse avec l'ensemble du secteur en Europe. Les actions ont ainsi reculé de 7,16% chez BNP Paribas, de 9,19% pour Crédit Agricole SA et de 9,64% pour Société générale, alors que l'indice DJ Stoxx des banques européennes a perdu 6,2%.

Natixis, qui est en pleine augmentation de capital, la période de souscription de celle-ci, d'un montant de 3,7 milliards d'euros, prenant fin jeudi, a cédé 14,6% et l'action de la banque franco-belge Dexia s'est repliée de 9,24%.

BNP Paribas est le seul créancier français mentionné dans le document de dépôt de bilan de Lehman Brothers déposé auprès de la SEC, le régulateur des marchés américains, pour une ligne obligataire de 250 millions de dollars.

"Mais le principal risque n'est pas le risque de crédit, c'est le risque de contrepartie", souligne un analyste d'une banque française, ajoutant : "Les difficultés de Lehman ne datant pas d'hier, on peut penser que les banques françaises ont réduit leur exposition ces derniers mois".

Outre sa créance obligataire, BNP Paribas a fait état auprès d'analystes de garanties d'appels de marge sur la banque américaine de l'ordre de 200 millions de dollars sur des marchés organisés, celles-ci bénéficiant d'actifs très liquides comme collatéral.

"TOUT A FAIT GERABLE"

L'un des analystes rapporte que la banque, une de celles qui a le mieux résisté jusqu'ici à la crise financière en Europe, lui a indiqué que son exposition maximum à Lehman Brothers était inférieure à 500 millions d'euros.

Un porte-parole de BNP Paribas a déclaré qu'il ne pouvait confirmer ce chiffre, précisant seulement que son exposition "était tout à fait gérable pour une banque de notre envergure".

La Société générale comme le Crédit agricole n'ont pas voulu chiffrer leur exposition, mais les deux banques ont indiqué aux analystes que le risque le plus important était celui de contrepartie et était pareillement limité.

Interrogée par Reuters, une porte-parole du véhicule coté de la banque verte a fait état en outre de l'existence d'une ligne de crédit sur Lehman Brothers, qui bénéficie de garanties.

Natixis n'a révélé aucun chiffre.

Dans son communiqué, Christine Lagarde indique que la Commission bancaire, l'organisme de surveillance des banques, a nommé lundi un administrateur provisoire pour la filiale française de Lehman Brothers, tout en soulignant que l'établissement américain n'avait pas d'activité de dépôts significative en France.

L'AMF étudie parallèlement avec la filiale de gestion d'actifs de Lehman Brothers dans l'Hexagone l'impact des annonces faites à New York sur l'activité de celle-ci.

"De même, il est procédé à l'analyse des conséquences de la situation de Lehman Brothers sur les actifs gérés par les autres sociétés de gestion de la place. Compte tenu des règles applicables en matière de division des risques ainsi que de conservation des actifs par un établissement séparé, l'impact, en cours d'évaluation, devrait être limité", indique encore le communiqué de Bercy.

Édité par Jacques Poznanski