En Europe, la BCE a publié un communiqué accommodant, ouvrant la voie à un assouplissement monétaire supplémentaire en vue de sa prochaine réunion, un fait inédit depuis avril 2017. Le Conseil des gouverneurs confirme en outre que les taux resteront à leur niveau actuel ou plus bas jusqu’à mi-2020 au moins. Francfort va désormais examiner les options à sa disposition tandis qu’un « haut degré » d’assouplissement va demeurer nécessaire « pendant longtemps ».

Proche de la sortie, Mario Draghi a pour sa part estimé les risques de récession dans l’Union monétaire « plutôt faibles » malgré une conjoncture « de pire en pire ». Des propos qu’il, on l’imagine, laissera le soin à son successeur d’assumer en cas de nouvelle dégradation des indicateurs.

Sur le front du Brexit, Boris Johnson attend un geste des Européens en faveur d’une réouverture des discussions, en particulier au sujet du backstop irlandais, tandis que les responsables de l’UE s’égosillent à répéter ce qu’ils ont déjà martelé à Theresa May : l’accord de sortie ne sera pas renégocié. Un dialogue de sourds qui alimente les spéculations autour d‘un Brexit sans accord le 31 octobre prochain, une hypothèse pourtant hautement improbable en pratique, tant les deux parties auraient à perdre. Dans ce contexte, la Livre Sterling apparait comme la victime collatérale d’une menace redondante, derrière laquelle se cache un scénario dénué de la moindre crédibilité, et il sera intéressant d’observer la réaction de la Banque d’Angleterre à l’occasion de sa prochaine réunion la semaine prochaine.

Du côté du conflit sino-américain, les investisseurs ne se font guère d’illusions malgré la reprise des discussions à Shangai, après de nouvelles critiques du président américain à l’égard de Pékin. Les économies dépendantes de leur commerce avec la Chine, Australie et Nouvelle-Zélande en tête, souffrent d’un cruel manque de visibilité, comme l’illustre la dégringolade de leurs monnaies respectives.

Côté macro, la première puissance mondiale maintient un rythme de croissance convenable au deuxième trimestre : +2.1% en données annualisées selon une première estimation, contre +1.8% attendu par les économistes. Il s’agit cependant d’un net ralentissement par rapport au T1 (+3.1%), offrant du grain à moudre à Donald Trump.

Faisant fi des règles et des traditions, le pensionnaire de la Maison-Blanche ne cesse de s’agiter autour de la valeur du Dollar ou de la stratégie de la FED. Dans un rôle en principe réservé au secrétaire d’Etat au Trésor, Trump a estimé le Dollar « très fort » et de nature à compliquer la tâche des entreprises américaines. De la même façon, il exhorte à nouveau la banque centrale américaine, institution pourtant indépendante, à opter pour « une forte baisse » des taux.

Celle-ci devrait agir ce mercredi, mais s’en tenir à un tour de vis d’un quart de point.

Au Japon, la banque centrale a confirmé un énième statu quo attendu, tout en ouvrant la porte à de nouvelles mesures qui pourraient s’avérer nécessaires pour atteindre son objectif d’inflation (2%). La BoJ a par ailleurs réitéré sa volonté de maintenir les taux à leur niveau actuel au moins jusqu’au printemps 2020.

Ces jours-ci, les cambistes vont avant tout se concentrer sur la FED ce mercredi mais ils surveilleront également la Banque d’Angleterre jeudi et le rapport mensuel sur l’emploi américain vendredi. Enfin, ce sera au tour de la Banque d’Australie de dévoiler, tôt mardi matin, sa décision de politique monétaire.

Graphiquement, l’Euro a brièvement évolué dans ses plus bas niveaux depuis mai 2017 avant de s’appuyer à nouveau sur un support-clé à 1.1130 USD. Une fois encore, il faudra préserver cette limite en clôture pour espérer un rebond, au moins provisoire, de la monnaie unique, sans quoi un décrochage supplémentaire en direction de 1.10 USD pourrait rapidement se concrétiser.

De l’autre côté de la Manche, le Pound s’effondre de façon manifeste en prévision d’un Brexit désordonné. Sous 1.22 USD, le cable évolue dans une zone inédite depuis mars 2017, menaçant les records du 7 octobre 2016 sous 1.20. Face à l’Euro, la hausse de la volatilité de la devise britannique est encore plus parlante. Au contact de 0.92 GBP pour un euro, une respiration vers 0.9034 pourrait toutefois s’imposer.



Du côté du couple EUR/CHF, le rebond attendu sous 1.10 se dessine timidement et les niveaux actuels restent attractifs pour initier/conserver des achats. 1.1078, 1.1243 et 1.1450 CHF sont les niveaux à surveiller à court et moyen terme.

Enfin, la décision de la BoJ n’a pas ému les opérateurs sur le Yen. La paire USD/JPY est toujours coincée entre 107.20 et 109.20 JPY. En attendant la FED.