PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes reculent nettement lundi, la propagation d'une nouvelle souche du coronavirus en Angleterre, qui a amené plusieurs pays a suspendre leurs liaisons avec le Royaume-Uni, ravivant les craintes sur la reprise de l'économie.

À Paris, l'indice CAC 40 perd 2,39% à 5.396 points vers 09h00 GMT, un plus bas depuis le 13 novembre. À Francfort, le Dax cède 2,25% et à Londres, le FTSE recule de 0,93%, la chute du sterling limitant les pertes de l'indice.

L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro lâche 2,22%, le FTSEurofirst 300 abandonne 1,82% et le Stoxx 600 est en baisse de 1,99%.

L'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas ou encore le Canada ont suspendu ces dernières heures les vols et trains en provenance du Royaume-Uni pour éviter la propagation d'une nouvelle souche de coronavirus détectée dans le pays et qui serait à 70% plus contagieuse que la version originelle.

La France, qui a ordonné pour 48 heures la suspension des transports de personnes, y compris pour les transporteurs de marchandises, a indiqué que le variant du coronavirus SARs-CoV-2 n'avait pas été encore identifié sur le territoire national sans écarter la possibilité qu'il soit déjà présent.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, qui a imposé samedi à plus de 16 millions d'Anglais un reconfinement pour endiguer la propagation de l'épidémie, tiendra dans le journée une réunion d'urgence.

L'indice de volatilité de l'EuroStoxx 50 affiche un bond de 17,49%, à 25,41, au plus haut depuis plus d'un mois.

"À l'heure actuelle, nous partons sur l'hypothèse que les vaccins seront toujours efficaces contre la nouvelle souche mais ce n'est pas encore clair. En conséquence, le ralentissement économique pourrait être plus important et plus long, ce qui atténuera l'optimisme quant à une reprise économique plus forte en 2021", ont déclaré les analystes de MUFG dans une note.

Ces informations préoccupantes sur la situation sanitaire, associées à l'impasse dans les négociations sur l'après-Brexit, l'emportent sur les avancées sur les vaccins et l'accord au Congrès américain sur un ensemble budgétaire de 900 milliards de dollars (737 milliards d'euros) pour fournir à la population et aux entreprises de nouvelles aides face à l'impact de la crise du coronavirus.

Les votes devraient avoir lieu ce lundi à la Chambre des représentants et au Sénat.

VALEURS

Aucun des compartiments européens n'échappe à la baisse générale du marché. L'indice Stoxx du secteur des transports et loisirs perd 3,68% après la suspension par plusieurs pays des vols et des trains à destination ou en provenance du Royaume-Uni.

Le secteur de l'énergie et celui des banques, également très sensibles aux craintes liées à la crise sanitaire, perdent respectivement 3,6% et 3,16%.

Aux valeurs individuelles, la compagnie franco-néerlandaise Air France-KLM abandonne 6,55%. Les britanniques Ryanair, IAG et EasyJet reculent de 5,37% à 9,93%. Lufthansa cède 6,07% à Francfort.

Le gestionnaire d'aéroports ADP lâche 2,20% et Getlink, concessionnaire du tunnel sous la Manche, 4,60%.

Unibail-Rodamco-Westfield accuse la plus forte baisse du CAC (-6,97%) devant TechnipFMC (-5,69%) et Accor (-4,77%).

A WALL STREET

Les contrats à terme suggèrent pour le moment une ouverture de Wall Street en baisse avec la dégradation de la pandémie.

La séance de vendredi s'est soldée par une baisse pour les trois indices majeurs: le Dow Jones a cédé 0,41%, le S&P-500 a perdu 0,35% et le Nasdaq Composite 0,07%.

Tesla, qui fera ce lundi ses débuts dans le S&P-500, a fini sur un plus haut historique à 695 dollars (+5,96%). Le constructeur de véhicules électriques deviendra l'entreprise la plus chère à intégrer l'indice de référence et représentera plus de 1% de l'indice.

EN ASIE

A la Bourse de Tokyo, l'indice Nikkei a fini la journée sur un recul de 0,18%, affecté par l'évolution préoccupante de l'épidémie en Europe et au Japon.

Échappant aux inquiétudes sur la situation sanitaire, les Bourses de Chine ont clôturé dans le vert alors que Pékin maintiendra son soutien politique à la reprise économique, a indiqué vendredi l'agence de presse officielle Chine nouvelle, à l'issue d'une réunion de politique économique annuelle.

Le CSI 300 des principales capitalisations du pays a pris 0,94% et l'indice composite de Shanghai 0,76%.

CHANGES

Profitant du regain d'aversion au risque, l'indice dollar, qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de devises de référence, grimpe de 0,39%.

L'euro (-0,34%) recule ainsi à 1,2213 contre un plus haut depuis avril 2018 jeudi à 1,2273.

La livre sterling chute de -1,89% contre le dollar, plombée par les inquiétudes liées au variant du coronavirus outre-Manche et par la perspective d'un "no deal" entre l'Union européenne et le Royaume-Uni à la fin de la période de transition, le 31 décembre.

Londres et Bruxelles poursuivront ce lundi les discussions qui restent difficiles, a déclaré dimanche une source au sein du gouvernement britannique.

TAUX

Les rendements obligataires des principaux pays de la zone euro sont en net repli, à -0,607% pour le Bund allemand à dix ans (-3,5points de base) et -0,364% pour son équivalent français.

Sur le marché des emprunts d'Etat américain, le rendement des Treasuries à dix ans cède près de quatre points de base à 0,9114%.

PÉTROLE

Les cours du pétrole cèdent plus de 3% en raison des craintes de durcissement des restrictions sanitaires et de ralentissement de la demande d'hydrocarbures.

Le Brent perd 3,69% à 50,33 dollars le baril et le brut léger américain cède 3,38% à 47,44 dollars.

"Un confinement plus strict en Angleterre face à une nouvelle souche de coronavirus et les restrictions de voyage des autres pays européens ont conduit les fonds à déboucler leurs positions longues", a déclaré Chiyoki Chen chez Sunward Trading.

"Le Brent pourrait tomber sous de 50 dollars le baril et le WTI en dessous de 45 dollars cette semaine parce que les investisseurs veulent ajuster leurs positions avant les vacances de Noël", a ajouté l'analyste.

MÉTAUX

Profitant du regain d'aversion au risque, le cours de l'or sur le marché spot (+0,8%) a atteint son plus haut niveau depuis six semaines à 1.906,46 dollars l'once.

(Laetitia Volga, édité par Jean-Stéphane Brosse)

par Laetitia Volga