Les deux fers de lance du conseil informatique en France ont publié leurs résultats trimestriels avant l'ouverture des marchés aujourd'hui : hier soir pour Capgemini et ce matin pour Atos. Commençons par les cartes d'identité chiffrées des deux entreprises. Capgemini est bien mieux valorisée qu'Atos, sur plusieurs des critères traditionnels (PER, VE/CA, VE/EBITDA…). Dernièrement, le PER d'Atos a tendance à s'effriter quand celui de Capgemini s'accroît. Cette divergence de pentes n'a fait qu'augmenter le différentiel entre les deux entreprises.

Atos vs Capgemini sur 1 ans
Atos vs Capgemini sur 1 ans

Le vaste monde de l'informatique couvre de nombreux métiers. Une erreur répandue consiste à penser qu'Atos, Capgemini, Sopra ou Telia exercent à peu près les mêmes activités. Il y a bien sûr des recoupements, mais la première cause du décalage de valorisation provient des spécialités et de l'organisation des sociétés. Capgemini possède une vaste exposition au conseil et à l'intégration de systèmes, un activité cyclique mais avec des marges élevées. D'autant plus élevées que l'entreprise a beaucoup délocalisé sur la dernière décennie, jusqu'à atteindre 58% de ses effectifs offshore, notamment en Inde (l'acquisition d'Altran a ramené ce pourcentage autour de 54%).

Chez Atos, l'externalisation tient encore une part prépondérante dans l'activité. Or la spécialité, moins cyclique mais moins rentable que les autres, est confrontée à des défis importants, notamment une forte pression sur les prix, qui n'ont pas échappé au marché et qui transparaissent dans la trajectoire de résultats. Jusqu'à présent, la couleur "cybersécurité et cloud" que cherche à se donner le groupe n'a pas encore séduit les investisseurs, qui sont un peu échaudés par l'historique médiocre des acquisitions d'Atos aux Etats-Unis, et par son appétit pour la croissance externe, à nouveau illustré dernièrement par l'échec des négociations avec l'américain DXC Technology. Le spin-off de Worldline – qui pèse désormais plus de deux fois le poids d'Atos – contribue sans doute aussi à l'image d'un groupe dont l'allocation des ressources est discutable.

Atos vs Capgemini sur 10 ans
Atos vs Capgemini sur 10 ans

La baisse enregistrée aujourd'hui par Atos repose sur des prévisions mitigées sur la marge opérationnelle ajustée, attendue entre 9,4 et 9,8% alors que le marché visait déjà 9,8%. Les analystes espéraient un peu mieux d'autant que le carnet de commandes s'est bien rempli. Chez Capgemini, le curseur de marge est placé entre 12,2 et 12,4%, soit un retour sur les niveaux de 2019 après une année 2020 bien négociée, puisque les revenus et les résultats se sont accrus, contrairement à ceux d'Atos.