Pour paraphraser une citation bien connue du plus célèbres des auteurs britanniques, il y a quelque chose de pourri au royaume du capitalisme allemand. L'affaire Wirecard – un "désastre absolu" selon le patron d'un gendarme financier allemand qui n'a d'autre choix que de faire profil bas - est la dernière d'une série noire qui comprend aussi l'escroquerie en bande organisée de Volkswagen sur les émissions polluantes ou le timing du rachat de Monsanto par Bayer. A la différence près que la survie de Wirecard n'est pas assurée à ce stade, malgré le sursaut du titre hier en bourse (+19% après -86% en 3 séances).

Dans les semaines qui viennent, on en saura plus sur les raisons de la déchéance de la fintech. Actuellement, deux théories cohabitent. L'une selon laquelle la situation est la conséquence d'un défaut de contrôle interne et externe. L'autre qu'elle découle d'une vaste escroquerie. On ignore quel scénario l'Allemagne préférerait voir se concrétiser : l'implication collective des dirigeants, régulateurs, auditeurs et médias ? Ou bien la responsabilité de quelques hauts dirigeants peu scrupuleux ? L'ex-CEO Markus Braun, arrêté puis relâché sous caution, réservera probablement ses explications aux juges. En attendant, il a dû céder depuis la semaine dernière plusieurs millions d'actions Wirecard données en collatéral à un prêt de 150 M€ contracté auprès de la Deutsche Bank en 2017. Il a ainsi récupéré quelque 155 M€ via 5,5 millions d'actions qui valaient encore 575 M€ il y a une semaine et plus d'1 Md€ en septembre 2018.

L'affaire Wirecard n'aura sans doute pas eu le temps de peser sur l'indice Ifo de confiance des milieux d'affaires allemands, qui sera publié ce matin. Plus globalement, le moral des investisseurs reste bon. En Europe, les indicateurs PMI publiés hier ont tous dépassé les attentes, grâce à l'appel d'air créé par des déconfinements qui se déroulent plutôt bien. Aux Etats-Unis, les mêmes indicateurs sont restés en zone de contraction, en partie parce que le réveil sanitaire y est plus chaotique. Cela n'a pas empêché les marchés financiers de poursuivre leur ascension et le Nasdaq de battre de nouveaux records. Il paraît que l'écart de performances entre les trois grands indices américains (Dow Jones à la traîne, S&P500 toujours en baisse en 2020 et Nasdaq en hausse à deux chiffres) n'a jamais été aussi important depuis 10 ans. Explication express de l'économiste Brian Wesbury, de First Trust ? "La croissance économique est le fruit de l'esprit d'entreprise et de l'invention, et non de l'assouplissement quantitatif ou des dépenses publiques. La technologie répond mieux à ce besoin que tout autre secteur". Wirecard excepté, bien sûr.

Le CAC40 perdait 0,4%, juste sous les 5000 points, peu après l'ouverture.

Les temps forts économiques du jour

Deux indicateurs à suivre aujourd'hui, d'abord l'indice Ifo du climat des affaires en Allemagne à 10h00 ce matin, puis les stocks pétroliers hebdomadaires aux États-Unis à 16h30.

L'euro est légèrement remonté à 1,1316 USD. L'once d'or reste proche du zénith à 1768 USD. Le pétrole recule légèrement, à 40 USD pour le WTI et à 42,32 USD pour le Brent (voir ici pour un éclairage sur la situation actuelle et le rééquilibrage en cours). La dette américaine affiche un rendement de 0,72% sur 10 ans. Le Bitcoin grappille quelques cents à 9652 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • AMS AG : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 15,50 à 20 CHF.
  • Delivery Hero : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 80 à 113 EUR.
  • Deutsche Börse : HSBC passe d'acheter à conserver en visant 165 EUR.
  • Deutsche Industrie REIT : Baader Helvea passe accumuler à acheter en visant 24 EUR.
  • Evotec : Baader Helvea démarre le suivi à accumuler en visant 28 EUR.
  • Georg Fischer : Baader Helvea passe d'alléger à accumuler en visant 880 CHF.
  • Infineon : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 28 EUR.
  • L'Oréal : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 310 EUR.
  • Melexis : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 84 EUR.
  • Moncler : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération en ligne en visant 37 EUR.
  • Securitas : Jefferies passe de sousperformance à conserver en visant 115 GBp.
  • Tod's : Morgan Stanley passe de souspondérer à pondération en ligne en visant 26,50 EUR.
  • Wacker Chemie : DZ Bank reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 53 à 64 EUR.

L’actualité des sociétés

En France

Atos fait preuve de volontarisme en présentant dès aujourd'hui son plan de moyen terme lors d'une journée analyste, dont la "baseline" est "devenir le leader du numérique sécurisé et décarboné", un bien bel objectif sur le papier qui s'accompagne d'éléments plus pragmatiques comme des objectifs chiffrés. Worldline a placé 1 Md€ d'obligations en deux tranches avec un coupon de 0,5% à trois ans et de 0,875% à sept ans. Volkswagen serait en train de négocier le rachat d'Europcar, selon de bonnes informations obtenues par Reuters, 14 ans après l'avoir vendue. Lagardère fait savoir qu'aucune décision de vendre sa filiale Live Entertainment, qui possède notamment les Folies bergères ou le Bataclan, n'a été prise, contrairement aux rumeurs qui circulent. Catherine Leblanc et Philippe Hourdain nommés administrateurs de Natixis. Nexity fait appel à Accenture et Oracle pour moderniser sa fonction finance. NRJ Group vend ses parts minoritaires dans Euro-Information Telecom, qui exploite NRJ Mobile, pour 50 M€. Evergreen dépose une OPA simplifiée à 1,03 EUR sur Digigram. L'agence américaine du médicament lève la suspension partielle de l'essai TELLOMAK d'Innate Pharma évaluant lacutamab chez les patients présentant un lymphome T avancé. Claranova renforce son équipe de direction. Olympique Lyonnais signe un PGE de 92,6 M€. SMCP signe un PGE de 140 M€ et obtient un assouplissement de ses conditions de financement. Awox obtient un PGE de 4,1 M€. 1000Mercis annule 280 879 actions. Orapi réalise plusieurs opérations dans le cadre de sa restructuration financière, dans le cadre de son protocole de conciliation. Sogeclair lance un plan de sauvegarde de l'emploi qui concernerait jusqu'à 245 personnes, à cause de l'exposition de l0a société au secteur aéronautique. CNIM fait valider par le tribunal de commerce un protocole de conciliation qui doit lui permettre de redresser la barre. Riber, FIPP ont communiqué sur leurs assemblées générales.

Dans le monde

Amazon.com crée the Climate Pledge Fund, un fonds de 2 Mds$ dédié à la transition énergétique. Johnson & Johnson perd son procès pour faire annuler sa condamnation dans l'affaire du talc pour bébé, mais voit les dommages-intérêts réclamés reculer à 2,12 Mds$. Le PDG de Wirecard, Markus Braun, a été libéré sous caution. Selon les informations obtenues par Bloomberg, la famille Benetton aurait été approchée par des fonds pour sa participation dans Cellnex, valorisée 3,9 Mds$. L'action Spirit Aerosystems s'effondre en bourse, à cause de ses difficultés financières consécutives aux déboires de son principal donneur d'ordre, Boeing. Les procureurs de plusieurs états américains doivent se rencontrer vendredi pour décider des suites à donner à d'éventuelles poursuites antitrust contre Google. Dell Technologies serait en train d'examiner ses options pour monétiser sa participation de 81% dans VMWare. Aux États-Unis, la foncière Simon Property s'associe à Brookfield Property Partners pour étudier la possibilité de racheter des locataires en difficulté, comme J. C. Penney. GNC Holdings se place sous la protection de la loi des faillites aux États-Unis. Les actions T-Mobile US placées par Softbank seraient vendues à 103 USD pièce, selon CNBC. Standard & Poor's dégrade la dette de Carnival en catégorie spéculative. Dufry va lancer un vaste plan d'économies. 

Ça publie. Raymond James, KB Home, Petrofac, Crest Nicholson, Premier Foods

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