Le groupe hôtelier français, qui présentait aux investisseurs sa nouvelle feuille de route pour les cinq ans à venir, table désormais sur un Ebitda de 1,2 milliard d'euros en 2022, actualisant sa précédente prévision d'un doublement de ce résultat, à 1,0 milliard, en 2021.

Pour y parvenir, il mise sur la poursuite de son développement, notamment dans le segment très rentable de l'hôtellerie premium et haut de gamme.

Il table aussi sur ses dernières acquisitions, comme le suisse Mövenpick ou l'australien Mantra, ainsi que sur le contrôle de ses coûts, qui devrait contribuer à hauteur de 20% à la croissance de l'Ebitda.

"L'organisation des fonctions support sera alignée sur le nouveau modèle économique, notamment en Europe (...)", indique AccorHotels dans un communiqué, sans donner de détails, ajoutant qu'une "optimisation" des coûts centraux devrait permettre leur stabilisation sur le moyen terme.

Supérieur aux attentes des analystes, ce nouvel objectif d'Ebitda a été bien accueilli par le marché, le titre AccorHotels prenant 1,13% à 39,95 euros vers 16h20 à la Bourse de Paris, alors que le CAC recule de 0,4% au même moment.

Depuis le début de l'année, la valeur cède 6,6%, pour une capitalisation boursière de 11,5 milliards d'euros.

"L'objectif 2022 implique une progression moyenne annuelle de l'EBE de 14% d'ici à 2022, alors que le consensus était de 13%", relèvent les analystes de Raymond James.

Cinq ans après son arrivée à la tête du groupe, Sébastien Bazin a déclaré avoir, pour la première fois, un sentiment de "réelle sérénité".

"LA TRANSFORMATION EST DERRIÈRE NOUS"

"La transformation est derrière nous et elle s'est faite avec succès (...) J'éprouve un très très solide sentiment de sérénité vis-à-vis de l'atteinte de cet objectif de 1,2 milliard", a-t-il dit devant les investisseurs.

AccorHotels a toutefois dû revoir en baisse ses ambitions dans ses "nouveaux métiers", jadis présentés comme un futur relais de croissance.

Au lieu des 75 millions d'euros d'EBE attendus en 2021, le groupe table maintenant sur 25 millions seulement, les résultats de la conciergerie John Paul et des sites de locations de luxe (Onefinestay) n'étant pas au rendez-vous et ne devant parvenir à l'équilibre qu'au dernier trimestre 2019.

Le groupe s'est profondément transformé ces dernières années, avec la cession de ses murs d'hôtels pour 4,4 milliards d'euros, qui a permis d'aligner son modèle sur celui "asset light" de ses grands concurrents Marriott et Intercontinental.

Il a aussi opéré une série d'acquisitions transformantes comme celle des prestigieux hôtels Fairmont, Raffles et Swissôtel qui lui donné apporté une importante exposition au segment du luxe.

Fort de 33 marques aujourd'hui, AccorHotels pense tirer, à moyen terme, 63% de ses commissions de gestion ou de franchise dans le luxe, contre 46% en 2017.

Il vient enfin de lancer une offre de rachat sur le solde du capital du polonais Orbis, dont le pôle immobilier devrait lui aussi être cédé.

Interrogé sur les raisons du recul boursier d'AccorHotels, Sébastien Bazin a estimé que le modèle du groupe était jusqu'ici peu compris et difficile à comparer avec celui de ses concurrents.

"Les choses vont être plus prévisibles maintenant et plus faciles à 'benchmarker'", a-t-il dit, admettant aussi que le projet - abandonné en juillet - de reprise de la participation de l'Etat français dans le capital d'Air France-KLM avait été mal perçu par le marché.

Il a également indiqué qu'il n'investirait plus dans des activités déficitaires. "J'en ai suffisamment", a-t-il lâché.

Le groupe table aussi sur une forte amélioration du cash-flow récurrent - et donc du dividende - grâce à la hausse de sa performance opérationnelle combinée à une stabilité de ses dépenses d’investissement.

(Edité par Bertrand Boucey)

par Pascale Denis et Jean-Michel Belot