Sur fond de risques politiques et de retour du dossier grec sur le devant de la scène en Europe, les déclarations de plusieurs membres de la BCE et les promesses fiscales de Donald Trump convergent vers un renversement de tendance en faveur du billet vert.

Mario Draghi s’est d’abord montré très accommodant lors d’un discours devant la commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen, le 6 février à Bruxelles. En dépit d’une reprise temporaire de l’inflation, l’économiste italien a en effet estimé que les risques pour les perspectives de la zone Euro « restent orientés à la baisse », laissant la porte ouverte à une augmentation du programme d’assouplissement quantitatif (QE) de l’institution si nécessaire.

Quelques jours plus tard, Yves Mersch, membre du directoire de la BCE, a fait écho aux propos de son président en écartant la possibilité d’une réduction du QE avant la fin de l’année, comme les derniers chiffres de la hausse des prix à la consommation l’avaient laissé espérer en Allemagne. D’ordinaire peu favorable au maintien durable d’une politique exagérément expansionniste, cet avocat luxembourgeois a ainsi nettement écarté l’hypothèse d’un changement de cap de l’autorité monétaire en 2017. Ewald Nowotny, président de la banque centrale autrichienne et donc membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, a d’ailleurs défendu la même ligne dans la presse de son pays, ne laissant guère de place à la moindre surprise.

Sur le plan politique, l’affaire Fillon renforce la position des partis anti-système français et la poussée sensible des populismes dans l’ensemble du Continent, notamment aux Pays-Bas et en Allemagne où des scrutins majeurs se profilent, inquiète un peu plus chaque jour les investisseurs quant à la survie de l’Union monétaire.

Autre risque de taille pour la monnaie unique, l’insoutenabilité de la dette grecque, un temps laissée de côté par les marchés, refait son apparition puisqu’Athènes sera de nouveau à court de liquidités dès le mois de juillet prochain. Si le FMI préconise un effacement pure et simple d’une partie de la dette, l’UE, et en particulier l’Allemagne, n’envisage pas une seconde de céder en faveur d’un scénario si impopulaire outre-Rhin, à quelques mois seulement des élections législatives.

Aux Etats-Unis, l’impatience des milieux d’affaires quant à la mise en place des mesures de relance promises par Donald Trump pendant sa campagne, combinée aux craintes générées par une posture excessivement protectionniste, ont forcé le milliardaire américain à annoncer l’arrivée d’une réforme fiscale « phénoménale » sous deux à trois semaines.

Une telle perspective soutiendrait l’inflation et pourrait encourager la FED à relever son taux directeur une nouvelle fois dès sa prochaine réunion prévue au mois de mars, tandis que l’un de ses membres, Patrick Harker (FED Philadelphie), a déjà révélé qu’il voterait lui-même en ce sens.

Graphiquement, le rebond de l’Euro échoue donc finalement au contact de 1.08 où les cours ont repris la direction de la tendance de fond. Si à terme, un retour à un cours de parité nous semble n’être qu’une simple question de temps, la devise européenne pourrait encore parvenir à résister quelques semaines. Nous privilégierons donc des ventes en haut de la fourchette actuelle, au niveau de 1.0683, en visant un premier objectif raisonnable à 1.0529 USD, notre support de court terme.