BRUXELLES, 22 mars (Reuters) - Emmanuel Macron a minimisé vendredi le rejet par le Sénat français du traité de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne (CETA), affirmant que ce vote serait sans conséquence sur l'application du traité, un "très bon accord" pour l'agriculture.

Le président français, qui s'exprimait à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles, a déploré la "démagogie" des sénateurs qui se sont opposés à la ratification du traité, estimant que leur initiative "n'aid pas" l'agriculture française.

"C'est un vote qui n'a pas de conséquence sur la mise en oeuvre provisoire du CETA, ensuite le gouvernement aura avec l'Assemblée nationale à définir le calendrier. (...) Nous avons aujourd'hui un texte qui chemine et qui chemine chez les 27", a-t-il déclaré en réponse à une question sur le sujet.

"C'est le début de ces accords de nouvelle génération que nous défendons", a-t-il plaidé, en appelant au monde agricole français.

"Regardez les chiffres, le rapport est extrêmement clair, il (le CETA-ndlr) est très bon pour le lait, il est très bon pour le fromage, il est très bon pour le vin ", a-t-il poursuivi, considérant que les "risques", notamment sur l'importation de boeuf, avaient été écartés.

"Mettre dans le même sac tous les accords commerciaux, c'est de la démagogie. C'est pourquoi je regrette ce vote et je pense qu'il n'aide pas la cause (...), il n'aide pas notre agriculture", a conclu le chef de l'Etat.

Les sénateurs français se sont opposés jeudi par 211 voix contre 44 à la ratification du traité de libre-échange, un camouflet pour l'exécutif à l'approche des élections européennes.

Cet accord controversé, conclu en 2014, ratifié en 2017 par le Parlement européen et déjà partiellement appliqué, prévoit la suppression des droits de douane sur 98% des produits échangés entre l'UE et le Canada.

Les agriculteurs français, qui maintiennent la pression sur le gouvernement pour obtenir des aides face à la crise du secteur, dénoncent une concurrence déloyale, en raison notamment de normes sanitaires moins contraignantes au Canada. Une situation qui inquiète également les écologistes.

Le projet de loi autorisant la ratification du traité avait été adopté en première lecture, non sans difficulté, en juillet 2019 par l'Assemblée nationale (266 voix contre 213). Il doit être voté en deuxième lecture à une date qui n'a pas encore été déterminée. (Rédigé par Sophie Louet avec la contribution de Bertrand Boucey et John Irish, édité par Kate Entringer)