Pékin (awp/afp) - Les exportations d'acier de la Chine, premier producteur mondial, sont reparties à la hausse en mai, selon des chiffres officiels, sur fond de crise mondiale du secteur et en dépit des promesses de Pékin de réduire ses colossales surcapacités.

Le géant asiatique a exporté le mois dernier 9,42 millions de tonnes d'acier, une hausse de 2,4% sur un an, et très sensiblement au-dessus des 9,08 millions exportés en avril, ont indiqué mercredi les Douanes chinoises.

Des chiffres observés de près par les sidérurgistes européens et américains, qui dénoncent vivement le déferlement d'acier chinois à bas prix et l'effondrement des prix provoqué par cette concurrence jugée déloyale.

La Chine avait encore exporté en mars 9,98 millions de tonnes d'acier, une envolée spectaculaire de presque 30% sur un an. Ses exportations s'étaient ensuite quelque peu tassées en avril (+6,3%).

En visite à Pékin, le secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew, a appelé lundi la Chine à réduire les surcapacités de ses aciéries, qui "faussent" le marché mondial de l'acier et "nuisent" à ce marché.

Pékin est soupçonné de subventionner largement ses sidérurgistes, souvent des groupes étatiques, via des crédits publics et des rabais de taxes à l'export.

Avec près de 804 millions de tonnes l'an dernier, la Chine produit environ la moitié de l'acier mondial, mais ses aciéristes, minés par le vif ralentissement économique du pays, ploient sous des surcapacités de production, estimées à plusieurs centaines de millions de tonnes.

Ils écoulent donc sur les marchés étrangers une partie de leur offre excédentaire, faisant boire la tasse aux grands sidérurgistes occidentaux. Les exportations chinoises avaient bondi de 20% en 2015, à un niveau record.

Fin mai, les dirigeants du G7 s'étaient dits "déterminés à agir rapidement" dans le dossier de l'acier. Les Etats-Unis ont relevé les droits de douane sur certains produits d'acier chinois à des taux prohibitifs, et des mesures européennes anti-dumping visent déjà les aciers chinois.

Sous pression, Pékin avait promis en janvier d'éliminer jusqu'à 150 millions de tonnes en capacités annuelles d'ici 2020 --mais ces coupes restent difficiles à concrétiser.

Les sidérurgistes sont réticents à sabrer leurs effectifs, et, bénéficiant d'un récent sursaut du secteur immobilier et de la construction dans le pays, ils ont même accéléré en avril leur cadence de production.

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