par Nina Chestney et Barbara Lewis

DURBAN, Afrique du Sud, 8 décembre (Reuters) - Le projet européen visant à mettre en place d'ici 2015 un accord climatique mondial doté d'objectifs imposés semblait jeudi bénéficier d'un soutien plus important, grâce à des alliances forgées entre pays pauvres et pays développés.

L'Union européenne a dit croire de plus en plus que sa "feuille de route" vers cet objectif recevait un appui plus marqué lors des pourparlers sur le climat qui doivent s'achever vendredi à Durban, en Afrique du Sud.

Le délégué des Etats-Unis, Todd Stern, a notamment indiqué que Washington soutenait le plan européen vers un nouveau traité.

Le ministre canadien de l'Environnement Peter Kent a de son côté annoncé qu'Ottawa avait conclu un partenariat avec de petits Etats insulaires menacés par la montée du niveau de la mer.

"Nous ne considérons pas cette date comme un objectif concret, (mais) 2015 serait une cible raisonnable pour mettre en place un nouveau système concernant le changement climatique", a déclaré Peter Kent à la presse.

"Si nous pouvons parvenir à un accord avant 2015, ce serait bien. Si cela prend un peu plus longtemps, ça ira aussi. Mais nous ne pouvons pas quitter Durban sans un accord solide", a-t-il ajouté.

RISQUE DE BLOCAGE VENDREDI

Le projet européen ayant le vent en poupe et bénéficiant de l'appui des Etats-Unis, la pression pourrait désormais s'accroître sur la Chine et l'Inde, les deux pays émergents émettant le plus de gaz à effet de serre.

Un groupe de 48 des pays les moins développés a annoncé soutenir le projet européen, rejoignant ainsi les pays africains et l'alliance de 43 petits Etats insulaires.

"La feuille de route de l'UE est désormais totalement sur les rails. Le ralliement des pays les moins développés et de l'Aosis (Alliance des petits Etats insulaires) peut indiquer qu'une feuille de route sortira de ce sommet", a commenté Jennifer Morgan, du World Resources Institute.

Le Brésil, l'une des principales puissances émergentes et un acteur clé des négociations climatiques, a également fait état d'une convergence de vues à Durban.

"Nous sommes favorables à la négociation d'un instrument légalement contraignant qui couvrira la période au-delà de 2020. Les parties avancent dans cette direction, il ne reste plus qu'à achever les négociations", a déclaré le délégué du Brésil, Luiz Alberto Figueiredo.

"Tous les pays feront partie de ce système et devront s'y astreindre."

Certains délégués préviennent toutefois que les discussions pourraient capoter à la dernière minute, le calendrier et la forme juridique précise du futur traité n'ayant pas encore été définis.

De source européenne, on indique que les délégués américains s'opposent encore à des objectifs spécifiques, n'ayant pas l'autorité de signer un accord contraignant.

Dans le cas des Etats-Unis, tout traité devra en effet être ratifié au Congrès, où démocrates et républicains se déchirent sur les questions climatiques.

"Ils peuvent approuver une feuille de route ne menant nulle part, mais pas une feuille de route vers un traité légalement contraignant, or c'est ce que cherche l'UE", a déclaré la source, qui ne souhaitait pas être nommée. (Gregory Schwartz pour le service français)