WASHINGTON (Reuters) - Un nombre croissant de responsables de la Banque centrale européenne (BCE) font pression pour que l'institut d'émission cesse de réinvestir les montants issus des échéances de titres détenus dans le cadre de l'APP, son programme historique d'achats d'obligations, afin de réduire davantage son bilan, ont rapporté des sources proches des discussions.

La BCE dispose encore de 3.200 milliards d'euros d'obligations détenues dans le cadre de son programme d'achat APP, constitué en période de faible inflation dans l'espoir de réduire les coûts d'emprunt et de dynamiser la croissance.

Depuis mars, le programme APP est réduit de 15 milliards d'euros par mois.

Le gouverneur de la Banque nationale de Belgique, Pierre Wunsch, a déclaré à Reuters en marge des réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale qu'il était favorable à un arrêt total des réinvestissements cette année.

Cinq autres sources ont déclaré à Reuters que, malgré les récentes turbulences dans le secteur bancaire, tous les réinvestissements devraient cesser au second semestre, estimant que la réduction du bilan progresse trop lentement eu égard à la priorité donnée à la maîtrise de l'inflation.

Aucune des sources n'a préconisé la vente pure et simple de la dette publique ou privée.

Un porte-parole de la BCE s'est refusé à tout commentaire.

La banque centrale ne devrait pas mettre en oeuvre un arrêt brutal des réinvestissements afin de conserver une certaine flexibilité en cas d'épisodes de volatilité, comme le mois dernier dans le secteur bancaire, ont estimé les sources.

Elles ont toutefois fait valoir que la zone euro avait globalement bien réagi face à ces turbulences et que la BCE disposait toujours de son instrument de protection de la transmission, un programme d'achat de dette dont elle n'a pas encore fait usage.

Martins Kazaks, le gouverneur de la Banque de Lettonie, a adopté un point de vue mesuré, estimant que les réinvestissements devraient cesser lorsque les conditions du marché le permettent et pas nécessairement en fonction d'un calendrier.

"Nous devrions accélérer le resserrement quantitatif lorsque nous sommes convaincus que les marchés financiers seront en mesure de le gérer", a-t-il dit.

La BCE s'est engagée à réduire son bilan de 15 milliards d'euros par mois jusqu'à fin juin, avant d'ajuster le rythme au fil du temps.

Les sources ont déclaré qu'une fois ces réinvestissements terminés dans le cadre de l'APP, les prochains débats porteraient sur les réinvestissements du programme d'achat d'urgence face à la pandémie (PEPP), d'une valeur de 1.680 milliards d'euros.

(Reportage Balazs Koranyi, version française Laetitia Volga)

par Balazs Koranyi