Il faut savoir que dans cet échantillon quasi-exhaustif, les 1200 premières représentent 90% des sommes distribuées. Ce montant stratosphérique correspond à un doublement sur les dix dernières années.

Cette redistribution d’une partie des bénéfices des entreprises cotées a connu une progression pourtant modérée de 3,5% sur 2019. Les Etats-Unis arrivent en tête avec 490 milliards de dollars. Les compagnies américaines ont donc décaissé 1/3 des dividendes à l’échelle internationale. Le Japon connaît la plus forte augmentation sur la séquence des dix ans avec une hausse de 170%. En Europe, hors Royaume Uni, les entreprises du CAC40 se montrent les plus généreuses avec un équivalent de 63 milliards de dollars distribués en 2019.

L'évolution des dividendes mondiaux depuis 2009
L'évolution des dividendes mondiaux cumulés depuis 2009 (Source Janus Henderson)

Parmi les contributeurs sectoriels, les compagnies pétrolières et les banques, deux compartiments qui ont largement sous-performé les avancées indicielles, ont le mieux rémunéré leurs actionnaires. Ces sociétés aux parcours boursiers décevants veulent soigner leurs actionnaires pour les conserver. Avec un flottant avoisinant parfois les 80%, les "majors"  de ces deux industries n’hésitent pas à se montrer extrêmement généreuses. Royal Dutch Shell se veut depuis quatre ans la plus prolifique en termes de rémunération devant sa concurrente Exxon Mobil. De leur côté,JP Morgan Chase et HSBC se classent également dans le top dix. Cela n’empêche pas la banque anglaise d’annoncer un projet de réduction de 15% de ses effectifs.

En France, Renault vient de publier une perte annuelle, une première depuis dix ans. Pourtant, la marque au losange octroiera un coupon de 1.1 EUR par action à ses actionnaires. Le groupe avait donc stocké des réserves distribuables lui évitant ainsi d’annoncer, au même moment, un résultat déficitaire et la suspension du dividende, signal très négatif pour le marché.

Les GAFA commencent à s’installer durablement dans ce type de classement puisqu’Apple, qui ne possédait pas historiquement la culture de la redistribution, se positionne depuis 6 ans proche du podium, tout comme Microsoft. A signaler que les dix premières sociétés représentent environ 9% de la manne mondiale.

Il convient de mettre en relief, une fois de plus, les conséquences des politiques accommodantes des banques centrales qui facilitent les rachats d’actions et, par ricochet, les hausses mécaniques des bénéfices nets par action (BNA). Grâce à cet environnement monétaire complaisant, les entreprises payent aujourd’hui davantage de dividendes à leurs actionnaires que d’intérêts à leurs créanciers. 

Les perspectives pour 2020 annoncent une nouvelle progression des dividendes de 4%, ce qui permettrait de battre un cinquième record historique en 5 ans et de préserver un rythme dépassant, une fois encore, la croissance économique mondiale. Une façon moderne de faire circuler l’épargne.

Les plus gros payeurs mondiaux de dividendes
Extrait de l'étude de Janus Henderson