par Nidal al-Mughrabi et Bassam Masoud

LE CAIRE/RAFAH, bande de Gaza, 5 mars (Reuters) - Deux jours de discussions au Caire entre Hamas et médiateurs égyptiens et qataris sur l'instauration d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza ont pris fin mardi sans avancée décisive.

Bassem Naïm, haut responsable du Hamas, a déclaré que le mouvement islamiste palestinien avait présenté sa proposition et attendait désormais une réponse des Israéliens, qui n'ont pas pris part à cette session de pourparlers.

"(Le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu ne veut pas d'un accord et la balle est désormais dans le camp des Américains pour qu'ils fassent pression sur lui", a-t-il dit.

Israël n'a fait aucun commentaire sur les discussions du Caire, notamment sur sa décision de ne pas y participer.

Selon une source, Israël a choisi de s'abstenir en raison du refus du Hamas de fournir une liste d'otages survivants avant que les termes de la trêve ne soient convenus. Bassem Naïm a affirmé que cette demande était impossible à satisfaire sans cessez-le-feu préalable car les otages sont disséminés dans les zones de combat et détenus par des groupes distincts.

Les pourparlers organisés dans la capitale égyptienne ont été présentés comme la dernière étape avant la conclusion d'un accord de trêve avant le mois de ramadan, qui débute dans quelques jours. Il était jusqu'ici question d'une trêve de quarante jours en échange de la libération d'une quarantaine d'otages sur la centaine présumée encore aux mains du Hamas depuis son attaque du 7 octobre dernier dans le sud d'Israël.

Washington, premier allié d'Israël et parrain des discussions sur une trêve, affirme qu'un accord approuvé par Israël est déjà sur la table et que c'est au Hamas de l'accepter. Le mouvement palestinien accuse en retour les Etats-Unis de vouloir lui faire porter la responsabilité d'un échec.

FAMINE

Les Etats-Unis pressent parallèlement les autorités israéliennes de contenir la catastrophe humanitaire à Gaza, où plus de 30.000 Palestiniens ont péri depuis le début de l'offensive israélienne en représailles à l'attaque du 7 octobre, qui a coûté la vie à environ 1.200 Israéliens.

Après bientôt cinq mois de guerre, la famine menace des parties entières de l'enclave palestinienne privées de nourriture. Les quelques hôpitaux encore en état de fonctionner, déjà débordés par l'afflux de blessés, accueillent désormais des enfants souffrant de malnutrition aiguë.

Ahmed Cannan, un nourrisson au visage émacié, est allongé sur un lit à la clinique Al Aouda de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Il a perdu la moitié de son poids depuis le début du conflit et ne pèse plus que 6 kilos. "Son état empire tous les jours", confie sa tante, Israa Kalakh.

"Nous avons un grand nombre de patients qui souffrent de ça, de malnutrition", explique Diaa Al Chaer, une infirmière.

La situation est pire dans le nord de la bande de Gaza, où n'ont accès ni humanitaires, ni journalistes.

Israël se dit prêt à faire entrer davantage d'aide humanitaire dans l'enclave par deux points de passage situés dans le sud du territoire et reproche à l'Onu de ne pas être en mesure de distribuer l'aide plus largement.

Les agences humanitaires rétorquent que l'aide est impossible à livrer sans un minimum de sécurité, qui doit être assuré par l'armée israélienne, dont les troupes ont envahi et quadrillent le territoire.

"Le sentiment de désespoir des parents et médecins lorsqu'ils se rendent compte qu'ils n'ont pas accès à une aide vitale à quelques kilomètres de là doit être insupportable", a déclaré Adele Khodr, directrice régionale de l'Unicef pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

(Avec la contribution de Mohammed Salem à Rafah, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Blandine Hénault)