par Dan Williams, Nidal al-Mughrabi et Jeff Mason

NEW YORK/JERUSALEM/LE CAIRE, 27 février (Reuters) - Le président américain Joe Biden a déclaré lundi qu'il espérait un cessez-le-feu dans la bande de Gaza d'ici la semaine prochaine, alors qu'Israël et le Hamas apparaissaient proches d'un accord dans le cadre des pourparlers chapeautés par le Qatar sur l'arrêt des combats et la libération des otages.

La présence simultanée à Doha de représentants d'Israël et du Hamas pour des pourparlers dits de proximité - des discussions indirectes via des médiateurs - laisse à penser qu'un accord entre les deux camps est plus proche que jamais.

Depuis que l'Etat hébreu a rejeté début février une proposition du Hamas pour une trêve de quatre mois, les efforts diplomatiques se sont intensifiés, en marge d'opérations militaires israéliennes accrues dans le sud de la bande de Gaza.

Interrogé lors d'une visite à New York sur le calendrier potentiel d'un cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne, Joe Biden a répondu qu'il l'espérait "d'ici au début ou à la fin du week-end".

"Mon conseiller à la sécurité nationale me dit que nous sommes proches (d'un accord). Ce n'est pas encore fait. Mon espoir est que nous ayons un cessez-le-feu d'ici lundi prochain", a dit le président américain à des journalistes.

Un représentant américain a indiqué que Washington s'évertuait à obtenir une trêve avec la libération des otages avant le début du Ramadan, le 10 mars. Il a ajouté que l'optimisme était croissant après les discussions de lundi.

Israël et le Hamas continuent publiquement d'afficher des positions très éloignées sur les contours d'une trêve, tout en se reprochant réciproquement l'échec des négociations.

Après avoir rencontré l'émir du Qatar le cheikh Tamim ben Hamad al Thani, le chef du bureau politique du Hamas, basé à Doha, a salué les efforts des médiateurs pour mettre fin à la guerre tout en accusant Israël de gagner du temps alors que Gaza est assiégée.

"Nous ne permettrons pas à l'ennemi d'utiliser les négociations comme une couverture pour son crime", a déclaré Ismaïl Haniyeh.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est dit prêt à un accord mais qu'il fallait que le Hamas arrête d'effectuer des demandes selon lui "venues d'une autre planète".

"Evidemment, nous voulons cet accord si nous le pouvons. Cela dépend du Hamas. C'est vraiment de leur ressort", a-t-il déclaré à la chaîne américaine Fox News lors d'une interview. "Ils doivent revenir à la réalité", a-t-il ajouté.

NETANYAHU RÉPÈTE QU'UN ASSAUT AURA LIEU À RAFAH

Selon les services du cheikh Tamim ben Hamad al Thani, les discussions entre l'émir du Qatar et le chef du Hamas ont porté sur les efforts qataris pour définir "un accord de cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza".

Plus tôt, une source a déclaré à Reuters que des responsables israéliens se sont rendus dans la journée au Qatar pour travailler sur les termes d'une trêve dans la bande de Gaza et d'un accord de libération des otages.

La délégation israélienne, composée de représentants de l'armée et des services secrets (Mossad), est chargée de créer un centre opérationnel pour les négociations, a précisé la source. Sa mission consiste notamment à étudier le profil des détenus palestiniens dont le Hamas demande la libération en échange des otages.

Israël continue d'affirmer publiquement qu'il n'arrêtera pas son offensive à Gaza tant qu'il n'aura pas éradiqué le Hamas en représailles à l'attaque du 7 octobre dernier.

De son côté, le Hamas affirme qu'il ne libérera pas la centaine d'otages qu'il détient encore si Israël ne promet pas de se retirer de Gaza et de mettre fin à la guerre.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, presse celui-ci d'accepter rapidement une trêve et de se retenir de mener un assaut de la ville de Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l'Egypte, où plus de la moitié des 2,3 millions d'habitants de l'enclave ont trouvé refuge.

Benjamin Netanyahu a insisté sur le fait que Tsahal prévoyait toujours de mener un assaut à Rafah et que des mesures étaient prévues pour évacuer les civils palestiniens.

Toutefois les négociations diplomatiques semblent avoir grandement avancé depuis vendredi dernier et une réunion organisée à Paris entre des représentants israéliens, américains, égyptiens et qataris - aucun représentant du Hamas n'y a cependant pris part.

Des sources sécuritaires égyptiennes ont fait savoir que les discussions de "proximité" entre les délégations d'Israël et du Hamas se tiendraient cette semaine, d'abord au Qatar puis au Caire. (Reportage Jeff Mason à New York, Dan Williams à Jérusalem, Nidal al-Mughrabi au Caire, avec Ali Sawafta à Ramallah, Andrew Mills au Qatar, Steve Holland à Washington; version française Blandine Hénault et Zhifan Liu, édité par Tangi Salaün et Jean Terzian)