PARIS (Reuters) - Les pays conviés aux Jeux olympiques sont divisés sur le choix des organisateurs de se passer de climatisation dans le village olympique, une décision "verte" plébiscitée par la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui invite les athlètes à "faire confiance à la science".

Après une année 2023 record en terme de chaleur, les températures pourraient à nouveau grimper cet été en Europe, y compris dans la capitale française, théâtre annoncé des Jeux "les plus verts de tous les temps".

Les organisateurs des olympiades programmées du 26 juillet au 11 août ont choisi de se passer de climatisation dans le village des athlètes récemment inauguré à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), en misant sur l'isolation des bâtiments et des systèmes de rafraîchissement efficaces même en cas de canicule.

Un dispositif approuvé par la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a fait de l'adaptation au réchauffement de la Terre l'un des axes majeurs de sa politique de transformation de la ville.

"Il faut faire confiance à la science sur deux choses. La première est ce que les scientifiques nous disent sur le fait que nous sommes au bord du précipice. Chacun doit en prendre conscience, y compris les athlètes", a-t-elle fait valoir lors d'un entretien mercredi avec Reuters.

"Deuxièmement, il faut faire confiance aux scientifiques lorsqu'ils nous aident à construire de façon sobre des bâtiments qui permettent de nous passer de la climatisation".

Cela dit, a-t-elle ajouté, les athlètes "font ce qu'ils veulent".

Aux yeux de l'édile, la pérennité du village des athlètes, où emménageront quelque 6.000 personnes après les Jeux, est prioritaire.

"Ce village a été conçu pour éviter d'avoir besoin de la clim', même à des températures très, très élevées, et maintenir des températures de confort", a-t-elle souligné.

"Ce qui m'importe c'est que ces immeubles, ces appartements vont devenir un quartier où vivront des habitants de L'Ile-Saint-Denis, de Saint-Ouen et Saint-Denis (en banlieue parisienne) qui n'auront pas besoin de climatisation", a-t-elle expliqué. "Nous travaillons sur le long terme."

LES DÉLÉGATIONS DIVISÉES

Les comités olympiques de plusieurs pays dont l'Australie, le Brésil, le Canada et la Norvège ont émis des doutes sur l'efficacité du dispositif.

"Notre souhait clair est qu'il y ait de la climatisation dans toutes les salles", a dit à Reuters le Comité norvégien, celui du Brésil jugeant que "les prévisions de chaleur" rendent "nécessaire d'investir dans la location d'unités de climatisation pour toute la délégation".

La cheffe de mission australienne, Anna Meares, est pour sa part à la recherche de "climatiseurs portables à proposer aux athlètes s'ils le souhaitent, s'il fait chaud, si c'est inconfortable".

Le Comité olympique canadien a dit à Reuters avoir envisagé des dispositifs "pour compléter les mesures mises en place par le comité d'organisation de Paris 2024, notamment des unités de climatisation dans certaines salles des athlètes en cas de chaleur extrême".

L'absence de climatisation dans le village olympique a été, en revanche, approuvée par d'autres délégations.

"Nous avons visité régulièrement le village olympique de Paris ces dernières années et nous estimons que le système de refroidissement intelligent installé au sol et au plafond est suffisant pour la zone climatique", a ainsi estimé le Comité olympique allemand, interrogé par Reuters.

"La prévention apportée par les fenêtres ajoute encore à cela. Néanmoins, nous avons demandé à nos fédérations si elles souhaitaient ou non louer un système de climatisation. La grande majorité a jugé cela inutile", a-t-il ajouté.

(Reportage Julien Prétot, Elizabeth Pineau, Aadi Nair, Steve Keating et Nick Mulvenney, édité par Blandine Hénault)