"Grandement anticipée il y a de cela un an, longtemps repoussée trimestre après trimestre, la récession a depuis laissé place à la thèse d'un atterrissage en douceur pour l'économie américaine. Malgré ces anticipations de croissance résiliente (1,3% en 2024 et 1,7% en 2025), le consensus des économistes s'attend également à voir le mouvement de désinflation se poursuivre (2,6% en 2024 et 2,3% en 2025), permettant à la Fed (idem pour la BCE) d'entamer des premières baisses de taux en 2024", explique Lucas Meric, investment strategist chez Indosuez Wealth Management.

Selon lui, "du point de vue des marchés, le son de cloche est identique : les anticipations d'inflation ont fortement reculé (les swaps d'inflation à un an aux États-Unis se situent à 2,1% contre 2,6% en octobre 2023), les marchés anticipant désormais près de 160 points de base de baisses de taux en 2024 (contre 80 points de base fin octobre) tandis que le rendement de l'emprunt d'État américain à 10 ans est repassé en-deçà des 4%, bien loin des 5% atteints mi-octobre".

"Le marché semble intégrer ce scénario presque idéal voyant se combiner une dynamique de croissance solide, un retour de l'inflation dans les cibles des Banquiers centraux et le début d'un cycle rapide de normalisation monétaire début 2024", souligne Lucas Meric.

Ces dynamiques de marché reflètent en partie le scénario macroéconomique d'Indosuez Wealth Management. Même si ce spécialiste de la gestion de fortune s'attend à un ralentissement de l'économie américaine au quatrième trimestre 2023 et au premier trimestre 2024, son scenario reste celui de la résilience avec une économie qui devrait croître de manière graduelle vers ses niveaux de croissance potentielle à fin 2025, justifiant in fine d'une croissance de 1,4% en 2024 et en 2025.

"Bien que nous nous accordions sur la thèse d'un atterrissage en douceur, notamment de l'économie américaine, les anticipations de désinflation et de baisses de taux nous apparaissent optimistes et s'accompagnent de risques importants, en particulier sur l'inflation", prévient le gestionnaire d'actifs.

Ce scénario d'atterrissage en douceur repose en grande partie sur la vigueur d'un consommateur américain supporté par des bilans financiers sains (qui profite d'importants effets de richesse), des gains de pouvoir d'achat (alors que l'inflation décélère plus rapidement que les salaires), un marché du travail en bonne santé avec un taux de chômage trônant à 3,7 %, des destructions d'emplois à un niveau historiquement bas et des créations d'emploi qui restent vigoureuses malgré un ralentissement graduel depuis plusieurs mois.