ROME CHERCHE UN ÉQUILIBRE ENTRE DÉFICIT ET PROMESSES

ROME - Le gouvernement italien est prêt à faire des concessions sur son budget 2019 pour le rendre acceptable par Bruxelles sans trahir ses promesses électorales, ont déclaré ce mercredi le co-vice-président du Conseil Luigi Di Maio et le ministre de l'Economie Giovanni Tria.

"Nous devons discuter avec l'Union européenne pour trouver une solution mais nous ne pouvons pas trahir nos promesses sinon nous deviendrions comme tous les autres (gouvernements précédents)", ", a souligné Luigi Di Maio alors que l'Italie est sous la menace de l'ouverture d'une procédure disciplinaire pour déficit excessif.

Le président du Conseil, Giuseppe Conte, qui a réuni ses principaux ministres, a pour sa part estimé qu'il existait sans doute "une marge de manoeuvre" pour limiter le déficit budgétaire, actuellement prévu à 2,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2019 alors que le précédent gouvernement s'était engagé à le réduire à 0,8%.

A Bruxelles, le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis a déclaré à la mi-journée que le gouvernement italien devait modifier de manière substantielle son projet de budget s'il entend éviter une telle mesure.

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LONDRES ALERTE SUR LES RISQUES D'UN BREXIT SANS ACCORD

Le gouvernement britannique a multiplié mercredi les mises en garde contre les conséquences qu'impliqueraient en cas de Brexit sans accord, affirmant qu'une telle hypothèse nuirait gravement à l'économie nationale.

Dans un rapport, il reconnaît toutefois que l'économie du pays pâtira de la sortie de l'Union européenne même si l'accord conclu dimanche dernier à Bruxelles - et toujours très contesté au Royaume-Uni - est entériné.

Si la sortie du Royaume-Uni de l'UE se fait aux termes de cet accord, Londres prévoit dans quinze ans une économie nationale en baisse de 2,1% par rapport à ce qu'elle serait si le pays restait dans l'UE.

En cas de Brexit sans accord, souligne le rapport, la baisse de l'économie britannique serait de 7,7% dans quinze ans.

Au Parlement, qui votera le 11 décembre sur l'accord de retrait, May a souligné qu'il serait impossible d'organiser un second référendum - dont elle ne veut pas - sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne avant le 29 mars prochain, date fixée pour le Brexit.

LONDRES - La banque centrale d'Angleterre a estimé mercredi qu'un Brexit sans accord provoquerait un choc plus violent pour l'économie britannique que la crise financière de 2008.

Dans ce "scénario du pire", le PIB britannique se contracterait de 8% en l'espace d'un an environ, le taux de chômage monterait à 7,5% et l'inflation à 6,5%. De même, poursuit l'estimation de la BOE, les prix de l'immobilier chuteraient de 30% et la livre perdrait un quart de sa valeur.

Ce scénario du pire, dans lequel les institutions britanniques perdraient la confiance des investisseurs et où le passage des frontières entraînerait de graves retards, n'est pas le scénario que les économistes de la Banque d'Angleterre jugent le plus probable.

Mais il reste une issue plausible alors que Theresa May doit encore faire approuver par un Parlement qui semble pour l'heure réticent l'accord conclu par les négociateurs de Londres et de Bruxelles et validé le week-end dernier par les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept réunis en sommet extraordinaire à Bruxelles.

Dans l'éventualité d'un "scénario gris" - la BOE parle de "disruptive Brexit" - où les marchandises continueraient de franchir les frontières mais seraient soumises à des droits de douanes, le PIB chuterait de 3%, le chômage monterait à 5,75% et l'inflation à 4,25%, l'immobilier perdrait 14% et la livre 15%.

LONDRES - La Chambre des Communes débattra les 4, 5, 6, 10 et 11 décembre du projet d'accord de sortie de l'Union européenne négocié par Theresa May avec Bruxelles, a annoncé mercredi le gouvernement britannique.

Jusqu'à six amendements visant à renégocier certains termes de l'accord pourront être retenus le 11 décembre, date à laquelle s'achèvera le débat. Ces amendements ne seront pas juridiquement contraignants, mais Theresa May pourra difficilement les ignorer.

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DE NOUVEAUX MISSILES RUSSES EN CRIMÉE, POUTINE ACCUSE KIEV

MOSCOU/KERTCH, Crimée, 28 novembre (Reuters) - La Russie a annoncé mercredi le prochain déploiement de nouveaux missiles antiaériens S-400 dans la péninsule de Crimée alors que les tensions avec l'Ukraine sont remontées d'un cran depuis l'arraisonnement de trois navires ukrainiens par la marine russe et la capture de leurs 24 membres d'équipage ce week-end dans le détroit de Kertch.

Le président russe Vladimir Poutine a accusé mercredi son homologue ukrainien Petro Porochenko d'avoir organisé cette "provocation" dans l'espoir de faire remonter sa cote de popularité avant l'élection présidentielle du printemps prochain, pour laquelle les sondages le donnent perdant.

"C'était sans aucun doute une provocation", a déclaré Poutine pendant une conférence économique à Moscou.

En Ukraine, la loi martiale est entrée en vigueur ce mercredi et pour une durée de 30 jours dans les zones du pays considérées comme les plus vulnérables à une invasion russe.

Le président américain Donald Trump a dénoncé mardi une "agression" de la Russie et dit envisager d'annuler la rencontre prévue avec Vladimir Poutine en marge du sommet du G20, qui se tiendra en fin de semaine à Buenos Aires.

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MOHAMED BEN SALMAN À BUENOS AIRES POUR LE G20

BUENOS AIRES - Le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman, dit "MbS", est arrivé mercredi à Buenos Aires où il va assister ce week-end au sommet du G20 et s'entretenir avec le président russe Vladimir Poutine, mais a priori pas avec Donald Trump.

Il s'agit du premier déplacement aussi exposé de "MbS" depuis le scandale provoqué par le meurtre du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi début octobre en Turquie, dont la CIA américaine estime qu'il a été commandité par le prince héritier.

Invoquant le fait que la Constitution argentine reconnaît la compétence universelle en matière de crimes contre l'humanité, Human Rights Watch a demandé lundi à la justice argentine de poursuivre Mohamed ben Salman pour son rôle présumé dans cette affaire, ainsi que pour de possibles crimes de guerre au Yémen.

Un juge argentin s'est saisi de la plainte et a demandé des informations à la Turquie et à l'Argentine, mais aucune décision n'a été prise sur l'opportunité d'ouvrir une enquête.

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EDOUARD PHILIPPE PRÊT À RECEVOIR DES "GILETS JAUNES"

PARIS - Edouard Philippe est resté ferme sur la hausse des taxes sur le carburant, qui entreront en vigueur au 1er janvier, tout en se disant prêt à rencontrer une "délégation représentative" de "Gilets jaunes" dont certains ne désarment pas et appellent à une nouvelle manifestation samedi.

La hausse de 6,5 centimes par litre de diesel et 2,9 centimes pour l'essence en 2019 est à l'origine du mouvement qui s'est traduit depuis le 17 novembre par des milliers de barrages routiers et a provoqué la mort de deux personnes, avant de s'élargir à la question plus globale du pouvoir d'achat.

Face au mécontentement, Emmanuel Macron a proposé mardi d'adapter la fiscalité des carburants aux fluctuations des cours du pétrole et n'a pas exclu d'autres gestes dans trois mois à l'issue d'une "grande concertation sur le terrain".

Ces annonces n'ont pas suffi à clore la controverse sur la fiscalité des carburants. L'un des deux porte-parole des "Gilets Jaunes" reçus mardi par François de Rugy, au ministère de la Transition écologique, a quant à lui appelé à une nouvelle manifestation samedi sur les Champs-Elysées.

Selon un sondage Odixa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro, le mouvement reste soutenu par une large majorité de Franças. Cette enquête indique que 84% des Français jugent que le mouvemet est justifié, soit une progression de dix points par rapport au 16 novembre dernier.

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TRUMP ENVISAGE DES DROITS DE DOUANE SUR L'AUTOMOBILE

WASHINGTON - Le président américain, Donald Trump, a déclaré mercredi que les droits de douanes sur l'automobile "sont actuellement à l'étude" après l'annonce de milliers de suppressions d'emplois et des fermetures d'usines par General Motors.

Des droits de douane auraient épargné à GM d'avoir à procéder à ces fermetures d'usine aux Etats-Unis, a-t-il ajouté.

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FRANCE-LA JUSTICE REQUALIFIE UN TRAVAILLEUR DE PLATE-FORME EN SALARIÉ

PARIS - La chambre sociale de la Cour de Cassation a jugé mercredi qu’un livreur à vélo travaillant pour la plate-forme "Take Eat Easy", maintenant liquidée, n’était pas un auto-entrepreneur mais bien un salarié, posant ainsi la question du statut des travailleurs "uberisés".

La chambre devait se prononcer pour la première fois sur la question de l'existence d'un lien de subordination unissant un livreur à une plate-forme numérique, une question chère aux syndicats qui souhaitent que ces travailleurs puissent requalifier la relation contractuelle en contrat de travail.

Les juges ont constaté, selon la note explicative accompagnant l'arrêt, "que l’application était dotée d’un système de géolocalisation permettant le suivi en temps réel par la société de la position du coursier et la comptabilisation du nombre total de kilomètres parcourus".

Cela signifie, selon eux, que "le rôle de la plate-forme ne se limitait pas à la mise en relation du restaurateur, du client et du coursier". Par ailleurs "la société disposait d’un pouvoir de sanction à l’égard du coursier", ce qui traduit un "pouvoir de direction et de contrôle de l’exécution de la prestation du livreur caractérisant un lien de subordination".