par Phil Noble

MANCHESTER, 13 février (Reuters) - Les fleuristes britanniques se préparent à l'emballement de la demande pour la Saint-Valentin, mais craignent que le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union Européenne (UE) ne se traduise par des coûts plus élevés et des retards de livraison.

Giraffe Flowers, basée à Manchester et qui exploite deux boutiques dans le centre de la ville, prévoit de vendre quelque 7.000 roses mercredi.

Un bouquet de roses rouges est vendu 40 livres (47 euros) aujourd'hui, mais pourra coûter 50 livres d'ici l'année prochaine alors que de nombreuses barrières douanières sont de nouveau imposées sur les marchandises en provenance d'Europe, dans le cadre du Brexit.

Depuis le 31 janvier, les négociants de certains produits animaux et végétaux, comme la viande réfrigérée et congelée, les œufs, le fromage et certaines fleurs coupées, doivent présenter des certificats sanitaires d'exportation aux autorités britanniques.

La charge réglementaire devrait encore s'alourdir. Les contrôles physiques débuteront le 30 avril, suivis de l'obligation de présenter des certificats de sûreté et de sécurité à partir du 31 octobre.

Anna Molicka, fleuriste en chef chez Giraffe Flowers, a déclaré qu'elle s'attendait à ce que le prix des fleurs augmente de 20%.

"Je ne pense pas que les postes aux frontières soient prêts pour ces nouvelles règles, et les livraisons pourraient avoir jusqu'à deux jours de retard. Cela affectera la qualité des fleurs qui ne nous parviendront plus aussi fraîches que d'habitude", a-t-elle déclaré.

Le secteur néerlandais de l'exportation de fleurs s'est opposé à l'introduction de contrôles aux frontières et les entreprises britanniques sont inquiètes, mais le gouvernement britannique affirme tout faire pour que la mise en place des contrôles se déroule sans heurts.

La Grande-Bretagne a déjà reporté à cinq reprises la mise en œuvre de l'ensemble des contrôles frontaliers post-Brexit sur les denrées alimentaires et les produits frais depuis qu'elle a quitté le marché unique de l'UE en 2021, en raison des inquiétudes suscitées par les perturbations portuaires et la crise du coût de la vie.

En revanche, l'UE a immédiatement appliqué ses règles, ce qui a entraîné des retards dans les ports en 2021 et poussé certains exportateurs britanniques, tels que les fromagers et les éleveurs de bœuf haut de gamme, à cesser de vendre dans l'UE du moins dans un premier temps.

Anna Molicka déplore l'augmentation des formalités douanières, jugeant qu'"il n'y avait pas besoin de cela les 30 dernières années, et tout fonctionnait".

Pour la Saint-Valentin dans un an, Anna Molicka conclut que "les clients achèteront moins". (Reportage Phil Noble, version française Corentin Chappron, édité par Zhifan Liu)