* Tokyo réagira aux mouvements excessifs sur le yen - porte-parole du gouvernement

* Le yen est tombé à un plus bas depuis 34 ans face au dollar

* L'écart entre les taux d'intérêt japonais et américains reste important

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par Leika Kihara et Rocky Swift

TOKYO, 28 mars (Reuters) - Le Japon a menacé de nouveau d'intervenir sur le marché des changes face à la baisse du yen, le porte-parole du gouvernement n'excluant aucune option pour mettre fin à ce que Tokyo considère comme des mouvements excessifs sur sa monnaie.

On ignore pour le moment si des achats du yen figurent parmi les options envisagées par Yoshimasa Hayashi, secrétaire général du cabinet du Premier ministre japonais Fumio Kishida, qui s'est contenté de déclarer que les autorités "surveillaient les mouvements sur les devises avec un sentiment élevé d'urgence".

"S'il y a des mouvements excessifs, nous aimerions réagir de manière appropriée et nous n'excluons aucune option", a-t-il insisté lors d'une conférence de presse.

Ses propos font écho à ceux de Masato Kanda, le principal diplomate japonais chargé des questions monétaires, qui a déclaré mercredi que les autorités n'excluaient aucune mesure pour contrer les mouvements désordonnés sur les devises.

Le yen est tombé mercredi à son plus bas niveau depuis 34 ans face au dollar, les cambistes anticipant une lente remontée des taux directeurs de la Banque du Japon (BoJ), ce qui ne permettrait pas de réduire considérablement l'écart entre les taux d'intérêt japonais et américains.

Le dollar a brièvement atteint 151,975 yens mercredi, dépassant le niveau de 151,94 qui avait déclenché à l'époque une intervention des autorités japonaises en octobre 2022 via des rachats de devises. Le yen est depuis revenu à 151,370 yens jeudi.

Le nouvel accès de faiblesse du yen survient malgré la décision la semaine dernière de la BoJ de mettre fin à huit années de taux d'intérêt négatifs, les traders se concentrant davantage sur le message accommodant de la banque qui suggère qu'une nouvelle hausse des taux n'interviendra pas avant un certain temps.

En mettant fin aux taux négatifs, de nombreux responsables de la BoJ ont estimé qu'il était nécessaire d'aller lentement dans l'abandon progressif d'une politique monétaire ultra accommodante, montre le compte-rendu de leurs débats publié jeudi.

"Avec l'affaiblissement du yen, qui a atteint son niveau le plus bas depuis 34 ans face au dollar, le ministère des Finances a indiqué qu'une intervention sur le marché des changes était imminente", note Marcel Thieliant, responsable de la région Asie-Pacifique chez Capital Economics.

"Mais le yen ne devrait pas recevoir beaucoup de soutien de la part des responsables de la politique monétaire japonaise, car il est plus probable que l'inflation soit inférieure que supérieure aux prévisions de la Banque du Japon", a-t-il ajouté.

Les données sur les prix, prévues vendredi, devraient montrer que l'inflation de base à Tokyo, considérée comme un indicateur avancé des tendances au niveau national, a ralenti à 2,4% en mars en rythme annuel après une hausse de 2,5% en février, selon le consensus Reuters.

Les responsables politiques japonais sont généralement favorables à un yen faible, car il contribue à stimuler les bénéfices des grands exportateurs du pays.

La forte baisse du yen a cependant récemment renchéri le coût des importations de matières premières, ce qui nuit à la consommation et aux bénéfices des distributeurs.

(Reportage Leika Kihara et Rocky Swift ; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)