Vendredi 22
octobre
Le point hebdo de l'investisseur
intro Rassurées par des statistiques en demi-teinte qui laissent planer le doute sur la trajectoire des banques centrales à court terme, mais surtout galvanisées par les bonnes publications trimestrielles, les grands indices ont globalement poursuivi leur ascension cette semaine. Si l'Europe semble plus tempérée, Wall Street en profite très nettement, inscrivant dans la foulée de nouveaux records absolus.
Indices

Sur la semaine écoulée, l'Asie a évolué en ordre dispersé, toujours préoccupée par les craintes inflationnistes et l'actualité entourant le géant immobilier chinois Evergrande. Le Nikkei a perdu 0,9%, pénalisé notamment par le rebond du yen, tandis que le Hang Seng a engrangé 3,1% et le Shanghai Composite seulement 0,3%.

Pour l'Europe, la volatilité persiste et les variations hebdomadaires peu significatives. Le CAC40 enregistre un gain de 0,09% sur les cinq derniers jours, le Dax progresse difficilement de 0,1% tandis que le Footsie est tout juste stable. Pour les pays périphériques de la zone euro, l'Italie grimpe de 0,6%, l'Espagne recule symétriquement de 0,6% alors que le Portugal se démarque à nouveau, avec un gain de 1.8%.

Mais ce sont les indices américains qui profitent avant tout des bonnes publications d'entreprises et notamment dans le secteur technologique. Le Nasdaq100 enregistre ainsi une performance hebdomadaire de 1,16%, le Dow Jones de 0,8% et avec le S&P500 (+1,3%), ils signent tous deux, de nouveaux records historiques.
Matières premières

Séquence de consolidation à plat pour les marchés pétroliers, qui se stabilisent à leur plus haut niveau de l'année. L'heure est ainsi à la respiration, qui paraît après tout légitime compte tenu du parcours des prix pétroliers. Le parcours est presque indécent ? 70% de hausse depuis le 1er janvier et plus de 100% en glissement annuel. Une offre rigoureusement contrôlée par l'OPEP+ et une demande en nette augmentation contribuent à ce résultat. Le Brent s'échange autour de 85 USD le baril tandis que le WTI se négocie au-dessus de 82 USD.
Les métaux précieux ont pris de la hauteur cette semaine, soutenus par une baisse du dollar mais également un enfoncement des taux réels en territoire négatif. Cela profite au métal doré, qui inscrit ce jour une quatrième séance de hausse consécutive, lui permettant de tutoyer une nouvelle fois la barre des 1800 USD l'once.
Du côté des métaux industriels, l'heure est à la respiration pour le baromètre de l'économie mondiale, le cuivre, entraîné à la baisse par le ralentissement de la croissance chinoise au troisième trimestre. La tonne de cuivre s'échange à 10200 USD au London Metal Exchange. Le nickel et le plomb prolongent au contraire leur trajectoire haussière à respectivement 20500 et 2400 USD.
haussière à respectivement 20500 et 2400 USD.

Evolution hebdomadaire indices matières premières

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Marchés actions

Entre les annonces fracassantes de Mark Zuckerberg qui ambitionne de métamorphoser le réseau social en metaverse, le plongeons de 25% de l'action Snap et maintenant le potentiel rachat de Pinterest par PayPal, le secteur des technologies n'est pas en reste cette semaine. Nous allons ici nous intéresser à cette dernière secousse.

Pinterest, la plateforme centrée sur le partage de photos qui compte aujourd'hui plus de 450 millions d'utilisateurs actifs chaque mois a séduit le système de paiement dans un contexte de ?commercial social? grandissant. L'application se définit comme un catalogue d'idées où chaque utilisateur peut construire un album d'images en lien avec leurs centres d'intérêt (à noter que 100% des revenus proviennent de la publicité). Le géant outre-atlantique aurait-il trouvé la pièce manquante du puzzle pour devenir une ?super app? ? Après avoir lancé un outil de trading d'actifs numériques pour les clients outre-manche et avoir intégré des solutions de shopping dans l'application, PayPal se veut être au plus proche de ses 400 millions d'utilisateurs. Le rachat de Pinterest est un pas de plus dans la dimension sociale de la société américaine.

Selon l'agence Bloomberg, les discussions sont en cours pour un prix d'acquisition à hauteur de 70 dollars par action soit une valorisation qui graviterait autour de 45 milliards de dollars pour le réseau social. Pinterest a été lancé en 2009 mais l'introduction en bourse est intervenue seulement dix ans plus tard. L'annonce de l'éventuel rachat par PayPal a eu l'effet d'une bombe mercredi en bourse faisant décoller le cours du réseau social de 13% finissant proche des 63$ à la cloche mais gravitant à l'heure où j'écris ces lignes sous le seuil des 60$ (On reste loin du cours de rachat potentiel). Alors que dans un même temps ces rumeurs ont fait plonger le cours de PayPal de 5%. Côté résultats financiers, Pinterest affiche un chiffre d'affaires de 1,69 milliards de dollars en 2020 soit une hausse de 48% par rapport à 2019 et des revenus trimestriels de la firme en hausse de plus de 120% sur un an à 613 millions de dollars pour un bénéfice de 70 millions. L'acquisition représente une opportunité pour le géant de paiement de devenir une application tout-en-un à l'image de Alipay ou WeChat. L'occasion de s'offrir une présence non négligeable dans les réseaux sociaux, un segment en forte croissance pour le e-commerce.

Evolution des cours de PayPal et de Pinterest par rapport au Nasdaq 100

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Macroéconomie

La macroéconomie a l'air d'être passée un peu au second plan avec la multiplication des résultats trimestriels d'entreprises, qui ont clairement pris le relais pour assurer le tempo des marchés actions. Mais elle n'est jamais loin comme l'ont démontré deux événements importants cette semaine. D'abord la publication d'un PIB chinois du 3e trimestre 2021 marqué par un ralentissement visible. On ne peut pas dire que les économistes ont été pris par surprise, mais la croissance a suffisamment ralenti pour que les marchés financiers s'alarment un peu. Ensuite la poursuite de la remontée des taux obligataires. La dette à 10 ans aux Etats-Unis a atteint le cap symbolique de 1,7% durant la semaine. Celle de l'Allemagne s'établit à -0,09% sur la même durée. Il y a un mois, le T-Bond ressortait à 1,33% et le Bund à -0,33%. Une remontée qui semble logique dans un contexte inflationniste et qui n'a pas l'air de perturber outre mesure les financiers. Comme nous le soulignons régulièrement dans ces colonnes, ce sont les variations violentes qui effraient plus que tout les marchés.
Sur le marché des changes, l'euro a retrouvé quelques couleurs sur la semaine, en reprenant quelques cents au dollar. Il faut 1,1636 USD pour 1 EUR actuellement. La paire EUR/CHF s'échange à 1,0661 CHF. Il ne se passe pas grand-chose actuellement sur le FOREX, en attendant que les masques tombent réellement du côté des politiques des banques centrales.
La semaine prochaine sera rythmée par de nombreux indicateurs très importants pour les marchés. Les commandes de biens durables américaines de septembre seront publiées mercredi, avant jeudi la première estimation du PIB des Etats-Unis au 3e trimestre. Vendredi, le PIB allemand du 3e trimestre sera suivi d'une session centrée sur le sacrosaint consommateur américain : consommation et revenus de septembre puis indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan d'octobre.
Le soulagement des investisseurs

Les premières publications de résultats sont pour la plupart au-dessus des attentes. Les inquiets de la première heure se rassurent. Les indices rebondissent après quelques semaines de chahut. Cette situation fait penser à la mythologie grecque. Chez les dieux grecs, il y avait Chronos qui pilotait le temps linéaire et Kairos qui lui maîtrisait le temps favorable, autrement dit pour nous autres investisseurs, le temps pour saisir des opportunités sur les marchés. Il est important de se rappeler que l'on ne peut saisir Kairos que si l'on s'y est préparé. Les turpitudes du marché ces dernières semaines ne sont pas sans rappeler les multiples replis des indices ces dernières années. Ils sont souvent synonymes d'opportunités. Dans le monde moderne, Kairos s'appelle souvent "fin octobre".