NOUAKCHOTT, 15 janvier (Reuters) - Biram Ould Abeid, militant anti-esclavage qui a été battu à l'élection présidentielle mauritanienne de l'an dernier, a été condamné jeudi à une peine de deux ans de prison, tout comme deux autres personnes qui avaient organisé en novembre une marche contre l'esclavage, a déclaré leur avocat de la défense.

Biram Ould Abeid avait été arrêté lors de cette marche, et son incarcération avait été dénoncée par des organisations de défense des droits de l'homme ainsi que par le Parlement européen.

Les trois hommes ont été condamnés pour atteinte à l'ordre public et appartenance à une organisation non autorisée, a déclaré leur avocat, Brahim Ould Ebety.

Il s'agit, selon lui, d'un "retour aux années 1980, quand des personnes étaient arrêtées et jugées sur la base de fausses accusations".

La police a eu recours aux gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de personnes qui s'étaient rassemblées devant le tribunal de Rosso, dans le sud du pays, ont déclaré des témoins qui ont requis l'anonymat.

La Mauritanie a été le dernier pays au monde à abolir officiellement l'esclavage, en 1981. Elle conserve la prévalence la plus élevée d'esclavage par tête d'habitant, selon l'index "Global Slavery Index".

Le chef de l'Etat, Ould Abdelaziz, dément qu'il y ait encore des esclaves en Mauritanie, estimant que seules les conséquences de cette ancienne pratique demeurent. (Kissima Diagana; Eric Faye pour le service français)