* Cameron prononcera son grand discours vendredi à

* Pressions de son Parti conservateur

* Les grandes entreprises appellent à la prudence

par Peter Griffiths et Andrew Osborn

LONDRES, 16 janvier (Reuters) - Le Premier ministre britannique, David Cameron, s'est prononcé mercredi contre la tenue dans l'immédiat d'un référendum sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne, mais a jugé légitime de renégocier le rôle de Londres parmi les 27.

"Je ne pense pas qu'il serait judicieux pour la Grande-Bretagne de faire un référendum aujourd'hui parce que j'estime que nous laisserions les Britanniques face à un mauvais choix", a-t-il déclaré devant le Parlement.

"Des millions de personnes dans ce pays, moi y compris, veulent que la Grande-Bretagne reste dans l'Union européenne, mais pensent également qu'il est possible de négocier une meilleure relation."

David Cameron doit prononcer vendredi à Amsterdam un discours très attendu dans lequel il exposera ses projets de renégociation des conditions de l'appartenance de la Grande-Bretagne à l'UE.

Il devrait également annoncer la tenue d'un référendum sur tout nouvel accord négocié pour modifier la relation du Royaume-Uni avec l'Union européenne, probablement en 2018.

Alors que différents groupes d'intérêt tentent d'influencer la teneur de son discours, un groupe représentant près d'un tiers des députés conservateurs a publié un "manifeste pour le changement". Préfacé par le secrétaire au Foreign Office, William Hague, ce document dresse une liste des domaines dans lesquels le rétablissement de la souveraineté britannique serait souhaitable.

"PROTÉGER LA SOUVERAINETÉ BRITANNIQUE"

"Le statu quo au sein l'Union européenne n'est plus possible", écrit le groupe dans son manifeste. "La zone euro est confrontée aux inévitables conséquences de la crise économique, et se dirige vers une union budgétaire et bancaire. Ce n'est pas le chemin que les Britanniques veulent emprunter."

"Nous voulons aussi protéger la souveraineté britannique, assurer que le Parlement britannique puisse décider de ce qui est le mieux pour la Grande-Bretagne. Nous ne partageons pas la vision d'une 'union toujours plus rapprochée', comme le prévoient les traités de l'UE."

Ce groupe de conservateurs, baptisé "Fresh Start" ("Nouveau départ"), souhaite notamment que Londres retrouve un pouvoir de décision dans le domaine de l'emploi, du social et en matière de justice pénale.

Ils poussent aussi à l'adoption d'un "frein à main" qui permettrait de bloquer des lois susceptibles d'avoir un impact sur le secteur financier britannique.

Ils souhaitent enfin que leur pays puisse se retirer unilatéralement de toute politique européenne susceptible de provoquer un "préjudice significatif" à la Grande-Bretagne.

Tiraillé par divers courants au sein de son parti, David Cameron a qualifié le document de "contribution très intéressante pour le débat", selon son porte-parole.

Ed Miliband, le chef de file travailliste, juge quant à lui que le Premier ministre nuit à l'image de paradis des investisseurs de son pays en se prononçant contre un référendum à court terme.

"Sa position semble être celle-ci : un référendum pour ou contre la sortie serait déstabilisant mais en promettre un dans cinq ans serait bon pour le pays", a déclaré Ed Miliband devant le Parlement. "Qu'est-ce que ça signifie ? Que pendant cinq ans les entreprises vont considérer qu'une épée de Damoclès menace la Grande-Bretagne sur le plan commercial."

"'FISH AND CHIPS' SANS LES 'CHIPS'"

Les propositions de "Fresh Start" n'ont également pas toujours été bien accueillies.

Peter Wilding, fondateur du Centre pour l'influence britannique à travers l'Europe, un groupe d'influence pro-européen, a averti les députés conservateurs que leurs propositions pourraient attiser l'hostilité des Etats membres de l'UE et déclencher des actions en justice.

D'importants chefs d'entreprise ont également appelé David Cameron à ne pas altérer les liens de la Grande-Bretagne avec l'UE, son premier partenaire économique.

Sur le plan des réactions, le Premier ministre finlandais, Jyrki Katainen, a déclaré mercredi qu'il s'attendait à ce que la Grande-Bretagne reste dans l'Union. "L'Union européenne sans la Grande-Bretagne c'est un peu comme un 'fish and chips' sans les 'chips'. Ce n'est plus un plat", a-t-il dit.

A Berlin, un porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel a dit quant à lui : "Je pense que l'Europe et en premier lieu la Grande-Bretagne connaissent notre position sur le Royaume-Uni et l'UE. Nous voulons une Grande-Bretagne active et engagée dans l'Union européenne." (Avec Paul Taylor, Mark John et Emmanuel Cazeneuve à Paris, Luke Baker et Ethan Bilby à Bruxelles, Stephen Brown à Berlin, Jean-Philippe Lefief et Hélène Duvigneau pour le service français, édité par Gilles Trequesser)