(Actualisé vice-présidente du gouvernement, éléments d'analyse § 7-10-11)

par Fiona Ortiz et Martin Roberts

MADRID, 21 décembre (Reuters) - Mariano Rajoy a prêté serment mercredi devant le roi Juan Carlos et dévoilé dans la soirée la composition de son gouvernement, nommant notamment Luis de Guindos au poste crucial de ministre de l'Economie, chargé de redresser une économie espagnole mal en point.

Agé de 51 ans, Luis de Guindos dirige l'école de commerce Instituto de Empresa et siège au conseil d'administration du groupe énergétique Endesa.

Secrétaire d'Etat à l'Economie de 2002 à 2004, quand le conservateur José Maria Aznar était à la tête du gouvernement, il a dirigé Lehman Brothers pour l'Espagne et le Portugal, de 2006 à 2008, et a été chargé par la suite du département financier de PriceWaterhouseCoopers.

Cristobal Montoro, qui dirigeait la cellule économique du Parti populaire lors de la campagne, retrouve le ministère des Finances. Lui aussi a servi dans les gouvernements Aznar, dont il été secrétaire d'Etat à l'Economie entre 1996 et 2000 puis ministre des Finances de 2000 à 2004.

De Guindos et Montoro figuraient tous deux sur la liste des personnalités susceptibles de diriger le ministère de l'Economie: Rajoy a fait le choix de scinder les responsabilités et de confier à ces deux proches conseillers les rênes de sa politique économique.

Parmi les autres membres du gouvernement, Fatima Banez, économiste et juriste de formation, devient ministre du Travail. C'est elle qui devra réformer le droit du travail, une priorité dans le pays qui, avec un taux de chômage à 21,5% de la population active, est le dernier de la classe européenne en la matière.

Une autre femme, Soraya Saenz de Santamaria, assumera le poste de vice-présidente et de porte-parole du gouvernement.

José Manuel Soria prend le portefeuille de l'Industrie.

Le ministère des Affaires étrangères est confié à José Manuel Garcia-Margallo.

Rajoy, qui avait laissé entendre durant la campagne qu'il pourrait s'entourer d'experts indépendants, a finalement opté pour des ministres issus du Parti populaire.

"Ce n'est pas du tout un gouvernement d'indépendants", relève Antonio Barroso, analyste chez Eurasia Group. "Si vous regardez le CV des ministres, ajoute-t-il, ils ont tous déjà été dans un gouvernement, ce qui est une bonne chose."

POLITIQUE DE RIGUEUR

Mariano Rajoy, chef de file du Parti populaire (droite), a largement remporté les élections législatives du 20 novembre dernier, éjectant du pouvoir les socialistes du PSOE et offrant à sa formation la majorité absolue au Congrès des députés.

La mission de son gouvernement sera de trouver un équilibre subtil entre la relance nécessaire d'une économie stagnante et l'impérieuse nécessité de réduire les déficits publics.

Dans son discours d'investiture devant le nouveau Congrès des députés, il a promis lundi des coupes sombres dans les dépenses publiques tout en proposant des réductions d'impôts pour les entreprises.

L'état réel des comptes publics espagnols ne sera pas connu avant mars 2012. Le déficit public devrait dépasser les 6% du produit intérieur brut (PIB) espérés par le gouvernement sortant.

Le gouvernement Rajoy entend respecter l'objectif fixé à 4,4% de déficit public en 2012.

UN TAUX DE CHOMAGE RECORD

L'Espagne, quatrième économie de la zone euro, est au centre de la crise actuelle de la dette européenne parce que sa taille fait qu'elle pourra difficilement être sauvée par un plan de renflouement comparable à celui qui permet à la Grèce de maintenir la tête hors de l'eau.

Son économie, pénalisée par le niveau du chômage, la consommation en baisse et le ralentissement de ses exportations, va vraisemblablement se contracter au quatrième trimestre au vu des données statistiques disponibles, a souligné Mariano Rajoy dès le début de son discours de lundi.

Dans ce contexte difficile, si l'Espagne parvient à atteindre son objectif de déficit budgétaire de 6% du produit intérieur brut (PIB) cette année - ce que la plupart des économistes jugent peu probable -, le Trésor devra trouver 16,5 milliards d'euros d'économies l'an prochain pour remplir son objectif, à en croire Mariano Rajoy.

Il a annoncé qu'il mettrait en oeuvre un gel des embauches dans l'essentiel du secteur public, à l'exception des forces de sécurité, et qu'il annoncerait le 30 décembre des mesures d'assainissement budgétaires détaillées.

Mais il a également annoncé des mesures fiscales immédiates en faveur des entreprises pour stimuler l'emploi et la demande.

Les pensions de retraite seront revalorisés en termes réels en janvier 2012, mais ce sera le seul poste de dépenses publiques à afficher une hausse.

Mariano Rajoy a enfin fait allusion à des modifications du système de santé publique, déclarant que son parti redéfinirait les services de base garantis à chacun par l'Etat.

RENVOI

Pour retrouver le PORTRAIT de Mariano Rajoy, double-cliquer sur (avec Tracy Rucinski; Jean Décotte, Marine Pennetier et Henri-Pierre André pour le service français)