par Lucia Mutikani

18 janvier (Reuters) - Le moral des ménages américains est tombé début janvier à son plus bas niveau depuis l'élection de Donald Trump il y a plus de deux ans, plombé par les craintes de voir la fermeture partielle des administrations fédérales ("shutdown") et la volatilité des marchés financiers freiner la croissance économique.

La chute de la confiance du consommateurs qui ressort vendredi des premiers résultats de l'enquête mensuelle de l'université du Michigan est le signe le plus clair à ce jour un de l'impact négatif du blocage de l'administration fédérale déclenché par le désaccord entre Donald Trump et le Congrès sur le financement d'un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

Selon les résultats provisoires de l'enquête mensuelle de l'université du Michigan, l'indice de confiance revient à 90,7, son plus bas niveau depuis octobre 2016, contre 98,3 en décembre et alors qu'il était attendu à 97,0.

Le sous-indice mesurant le jugement des consommateurs sur leur situation actuelle ressort à 110,0 (consensus: 114,5), contre 116,1 en décembre, et celui des anticipations est tombé à 78,3, également à son plus bas niveau depuis octobre 2016, contre un consensus de 86,0 et un indice à 87,0 en décembre.

L'université du Michigan attribue cette dégradation à "une série de problèmes, y compris le shutdown partiel du gouvernement, l'impact des droits de douanes, les instabilités sur les marchés financiers, le ralentissement de la croissance mondiale et le manque de clarté sur les politiques monétaires".

RISQUE DE COUP DE FREIN À LA CROISSANCE

Même si le moral des ménages reste relativement élevé, l'accumulation de nuages sur l'économie pourrait rendre les consommateurs plus prudents dans leurs dépenses et donc peser sur la croissance.

La consommation contribue pour plus des deux tiers à la croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis.

"Ce rapport sur le moral des ménages est la première preuve concrète que l'on se dirige vers un coup de frein, et un coup de frein brutal, de l'économie si Washington ne met pas fin au shutdown", dit Chris Rupkey, économiste en chef chez MUFG.

"Il sera difficile d'avoir une croissance du PIB de plus de 1% à 1,5% au premier trimestre si le consommateur fait la grève des dépenses."

La mise à l'arrêt le 22 décembre d'une partie des administrations fédérales, le plus long "shutdown" de l'histoire des Etats-Unis, prive de tout revenu quelque 800.000 fonctionnaires et pénalise de nombreux contractuels et sous-traitants.

Les marchés financiers américains n'ont pas réagi aux chiffres de l'enquête du Michigan, les investisseurs préférant focaliser leur attention sur un autre indicateur publié vendredi, la production manufacturière, qui a connu en décembre son rythme de croissance le plus élevé depuis février 2017, ainsi que sur les espoirs d'avancées sur le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine.

(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)