Londres (awp/afp) - L'invasion de l'Ukraine par la Russie a fait couler les devises des deux pays mais également flancher les monnaies de plusieurs autres pays d'Europe de l'Est, comme celles de Pologne et Hongrie qui atteignaient des plus bas mercredi.

"Sans surprise, les devises qui souffrent le plus sont celles d'Europe de l'Est et du Nord, avec le zloty polonais et le forint hongrois en première ligne", explique Roman Ziruk, analyste pour Ebury.

Il évoque un cocktail explosif: un manque d'appétit pour les monnaies émergentes en raison du risque géopolitique et une proximité à l'Ukraine qui inquiète.

Le zloty polonais fond de 11,6% depuis le début de l'année et a atteint mercredi un plus bas face au dollar depuis juillet 2001 à 4,3550 zlotys tandis que le forint hongrois, qui perd 5,6% depuis le 1er janvier, évolue à son plus bas historique (345,31 forints pour un dollar).

De telles pertes, alors même que le prix de l'énergie s'envole actuellement à cause du conflit, vont rendre les importations encore plus chères, peser sur le pouvoir d'achat des Polonais et des Hongrois, et doper l'inflation.

Or, l'inflation est déjà très élevée dans ces deux pays, à 9,2% sur un an en Pologne et à 7,2% en Hongrie.

"La priorité pour les banques centrales va être de limiter cette baisse des devises", estime M. Ziruk.

La banque centrale hongroise a déjà signalé sa volonté de redresser encore ses taux directeurs, alors qu'ils sont déjà les plus élevés de l'Union européenne, à 4,6%.

Côté polonais, le ministère des Finances a affirmé mercredi qu'il utiliserait les réserves nationales de monnaies étrangères pour soutenir le zloty.

Ces mesures sont nécessaires car "une trop forte remontée des taux directeurs n'aura aucun effet pour endiguer la hausse des prix des matières premières causée par les sanctions contre Moscou", souligne Guillaume Dejean, analyste chez Western Union.

afp/rp