C'est désormais officiel: le projet de rachat de Carrefour par Alimentation Couche-Tard est définitivement tombé à l'eau, le groupe canadien ayant fait marche arrière face à la vive opposition du gouvernement français. Dans un communiqué conjoint publié ce week-end, les deux distributeurs ont ainsi confirmé des informations révélées dès vendredi soir par l'agence Bloomberg: "Au vu des récents événements, ces discussions sont interrompues", ont-ils déclaré. Ils ont toutefois "décidé de "prolonger leurs discussions pour examiner des opportunités de partenariats opérationnels".

Dans un premier temps, Carrefour et Couche-Tard envisagent de partager leurs bonnes pratiques dans la distribution de carburant, de coopérer dans le développement d'achats en commun, ou encore de créer des partenariats sur le développement et la commercialisation de marques de distributeurs. Ils évoquent également "le partage d'expertise et le lancement d'innovations pour améliorer l'expérience client, et l'optimisation de la distribution de produits sur les géographies communes aux deux groupes".

Cette annonce ne constitue pas du tout une surprise pour Invest Securities, qui doutait du projet depuis le début. L'analyste "ne [voit] pas comment rendre productifs et même fondés les partenariats évoqués entre un Canadien qualifié de 'dépanneur' en distribution et Carrefour, commerçant expert qui cherche à évoluer vers des concepts plus qualitatifs pour une alliance in fine transatlantique ce qui complique encore les choses". Seule la distribution de carburant lui semble être source de "partenariats innovants et de partage de bonnes pratiques".

Pour UBS en revanche, les annonces du weekend cachent tout autre chose: "Transformer [cette opération] en partenariat stratégique de long terme laisse probablement sous-entendre la possibilité d'un accord futur", écrit la banque suisse. Si le gouvernement français assouplit sa position, en particulier sa préoccupation sur la sécurité alimentaire grâce à la reprise post-covid, et si la période d'observation entre les deux partenaires se déroule correctement, alors un accord pourrait être conclu à l'avenir, estime le broker.

En attendant, UBS estime que Carrefour pourrait être très performant en France en termes de part de marché en 2021 grâce aux initiatives stratégiques entreprises par Alexandre Bompard, le PDG du distributeur. "En outre, bien que l'opération ne se réalise pas, nous pensons que l'offre de 20 euros est susceptible de soutenir la valorisation" du titre Carrefour, ajoute la banque.

En bourse, l'échec du projet de rachat se traduit aujourd'hui par une nouvelle débâcle pour le titre Carrefour, qui perd encore ce matin 5,6% à 15,68 euros, bon dernier du CAC 40. Après avoir flambé de plus de 13% mercredi dernier suite à la confirmation de discussions "très préliminaires", le titre du distributeur français a depuis reperdu plus de 10%.