Tokyo (awp/afp) - Les actionnaires du groupe japonais Toshiba, critiqué pour avoir tenté d'influencer des votes lors de son assemblée générale en 2020, ont majoritairement rejeté vendredi la reconduction du mandat du président du conseil d'administration Osamu Nagayama.

A l'issue de l'assemblée générale ordinaire du groupe, son directeur général, Satoshi Tsunakawa, a annoncé que les actionnaires avaient voté contre la proposition de reconduire le mandat de M. Nagayama et celui d'un autre administrateur, Nobuyuki Kobayashi.

Ancien capitaine d'industrie respecté au Japon, passé auparavant par le groupe pharmaceutique Chugai et Sony, M. Nagayama, 74 ans, avait été élu président de Toshiba lors de la précédente assemblée générale ordinaire (AGO) du groupe en juillet 2020.

C'est précisément en amont de cette assemblée générale que des dirigeants de Toshiba avaient manoeuvré avec le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) pour intimider des actionnaires activistes, selon un rapport indépendant accablant publié le 10 juin. Le groupe avait aussitôt réagi en limogeant notamment deux membres de son conseil d'administration, dont la réélection devait initialement être proposée vendredi.

Mais cela n'a pas suffi à éteindre l'incendie. M. Nagayama "n'avait pas assumé sa responsabilité" en tant que président du conseil d'administration, selon Justin Tang, analyste de United First Partners interrogé par l'AFP en amont de l'assemblée.

Les deux membres du conseil sacrifiés à l'avance par Toshiba "n'étaient pas plus coupables que le président" et d'autres responsables du groupe, qui ont tous "failli" dans l'exercice de leurs fonctions, avait encore estimé M. Tang.

Tout en s'excusant la semaine dernière auprès des actionnaires pour ce nouveau scandale, M. Nagayama avait surtout jeté la pierre sur l'ancien directeur général de Toshiba, Nobuaki Kurumatani, poussé à la démission en avril.

Toshiba a enchaîné les scandales depuis 2015, quand il avait révélé avoir embelli ses comptes de résultats des années durant. Le groupe jurait depuis avoir amélioré sa gouvernance. Cependant, le lancement d'une enquête indépendante sur les circonstances troubles de son AGO en 2020 n'avait été obtenu qu'au forceps par ses actionnaires en mars.

Ce rapport très fouillé a jeté une lumière crue sur les mauvaises pratiques persistantes de Toshiba et sa collusion avec le Meti. Il a aussi rouvert le débat sur le fait de savoir si Toshiba était le canard boiteux de la "Japan Inc." ou seulement la partie visible de l'iceberg.

afp/vj