Les ventes ont décuplé depuis, et d'un état de quasi faillite permanent, Dr Martens est devenue une véritable cash machine avec un flux de trésorerie libre d'environ £150 millions par an et des marges deux fois supérieures à celle de Levi's ou de Nike.

Début 2021, fort de cette réussite, Permira introduisait Dr Martens en bourse avec l'ambition d'atteindre une valorisation dans la fourchette des £3-£4 milliards, soit un multiple de x3-x4 le chiffre d'affaires et de x20-x25 fois le profits cash. 

Les choses n'ont pas tout à fait fonctionné comme prévu —notamment à la suite de quelques ratés opérationnels aux Etats-Unis — et au cours de £156p la valorisation actuelle oscille autour de £1.6 milliards, soit peu ou prou x10 le free cash-flow de l'an passé.

Pourtant, le groupe publiait vendredi des prévisions de résultats annuels dans la continuité de l'exercice précédent : les ventes progressent de 4% sur une base constante, et le profit d'exploitation avant amortissements (EBITDA) est attendu aux alentours de £245 millions, certes un peu inférieur à celui réalisé sur l'exercice fiscal 2022, mais c'est aussi une conséquence des ouvertures de nouveaux magasins.  

Le marché punit-il un ralentissement de la croissance après une décennie 2013-2023 météorique ? Par extension un effet de mode qui s'estomperait pour une marque hyper-dépendante à un ou deux blockbusters ? Sinon la sortie progressive de Permira, qui a déjà divisé sa participation par deux depuis l'IPO, de 75% à 36%, et laissé entendre que ses cessions de titres devraient continuer ?

Peut-être un peu tout cela à la fois, malgré les promesses du directeur général Kenny Wilson — un ancien de Levi's — qui voit dans le marché américain un eldorado encore inexploité.