New York (awp/afp) - Le patron d'ExxonMobil a défendu mercredi sa stratégie face à des actionnaires appelés à se prononcer sur des propositions l'engageant à prendre davantage en compte le changement climatique au moment où tous les géants du secteur sont interpellés sur ce sujet.

La société d'investissement et actionnaire Engine N°1 avait lancé fin 2020 une campagne appelant ExxonMobil à évoluer rapidement, notamment en dépensant moins pour de nouveaux projets pétroliers et gaziers et en envisageant plus sérieusement les énergies alternatives, comme l'ont fait d'autres grands groupes du secteur comme Shell ou Total.

Pour appuyer cette stratégie, le groupe a proposé mercredi la nomination de quatre nouveaux membres au conseil d'administration lors de l'assemblée générale annuelle d'ExxonMobil, qui a débuté à 14H30 GMT.

"Quel que soit le résultat du vote, le changement arrive", a estimé l'un des responsables d'Engine N°1, Charlie Penner, au cours de la réunion en soulignant que depuis le début de leur campagne, ExxonMobil avait déjà fait plusieurs promesses.

"Nous apprécions les discussions constructives que nous avons eues avec tant de nos investisseurs depuis le début de l'année", a répondu Darren Woods, le PDG du géant pétrolier, tout en défendant les qualités de ses propres candidats qui aideront l'entreprise dans sa "transition vers un avenir à bas carbone".

Condamné à réduire les émissions

Sous la pression d'une opinion publique et de certains investisseurs de plus en plus sensibles à l'impact de l'or noir sur l'environnement, tous les grands groupes du secteur ont été amenés ces derniers mois à revoir leur stratégie climatique.

Dans une affaire retentissante lancée par un collectif d'ONG environnementales, un tribunal néerlandais a ainsi décidé mercredi que Shell devait réduire ses émissions de CO2 de 45% d'ici fin 2030.

Chevron, l'autre grand groupe pétrolier américain, fait aussi face mercredi lors de sa propre assemblée générale annuelle à plusieurs propositions d'actionnaires liées au climat.

Total devra aussi convaincre vendredi ses actionnaires qu'il en fait assez pour le climat. Le groupe a proposé de se renommer TotalEnergies pour symboliser sa diversification dans les énergies plus propres.

Engine N°1 est appuyé dans sa démarche par les trois plus grands fonds de pension américains CalSTRS, CalPERS et New York State Common.

Les cabinets ISS et Glass Lewis, qui donnent des recommandations de vote aux actionnaires, ont conseillé de voter en faveur de respectivement trois et deux des candidats proposés par Engine N°1.

BlackRock, Vanguard et State Street, qui détiennent ensemble environ 20% des voix, n'ont pas souhaité partager publiquement leurs votes avant l'assemblée générale.

ExxonMobil a promis dès fin 2020 d'accentuer ses efforts pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre au cours des cinq prochaines années et a annoncé en février la création d'une filiale consacrée aux énergies moins polluantes.

Mais le groupe ne prévoit d'y consacrer que 3 milliards de dollars d'ici 2025, ce qui est peu par rapport à ses dépenses annuelles d'exploration pétrolière et gazière. Et il met surtout l'accent sur les techniques de capture et stockage du carbone, contestées par certains activistes.

Le groupe a aussi nommé à son conseil d'administration Jeffrey Ubben, cofondateur d'une société d'investissement qui promeut des pratiques prenant mieux en compte l'environnement. Dans un message lundi, il s'est engagé à nommer dans les douze prochains mois un autre membre avec une expérience liée au climat.

ExxonMobil était encore en 2013 le groupe privé valant le plus cher en Bourse au monde. Mais son étoile a depuis pâli et le groupe a été sorti fin 2020 de l'indice vedette Dow Jones. Touché de plein fouet par la chute de la demande en énergie au plus fort de la pandémie, le groupe a perdu 22 milliards de dollars en 2020.

afp/al