Chute de Theresa May et nouveau gouvernement

Probabilité : FAIBLE

Démission, vote de défiance ou motion de censure.

La cheffe du gouvernement a exclu la première option à ce stade. Le récent vote interne au parti Conservateur a par ailleurs échoué à la renverser le mois dernier, lui offrant un répit d’un an avant qu’une nouvelle procédure des Tories puisse l’inquiéter. Seule possibilité de voir la résidente du 10 Downing street faire ses bagages : l’adoption d’une motion de censure, à l’initiative du chef de file de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn. Scénario écarté depuis hier soir et le rejet de la motion.

Renoncement au Brexit

Probabilité : FAIBLE

Comme la Cour de justice de l’UE l’a récemment statué, le Royaume-Uni a la possibilité de renoncer à sortir de l’Europe de façon unilatérale, c’est-à-dire sans l’accord des 27 autres pays membres. Une décision apparentée à un déni de démocratie par les Brexiters, que ni Theresa May ni même Jeremy Corbyn n’envisage aujourd’hui.

Report du Brexit

Probabilité : FAIBLE

Bien que l’hypothèse soit de plus en plus crédible à mesure que se rapproche le 29 Mars, Theresa May a pour le moment exclu de repousser l’échéance. Si une telle option est théoriquement réalisable, elle nécessite une extension de l’article 50 du Traité européen et l’accord des 27. Elle se heurte par ailleurs au calendrier des élections européennes, prévues du 23 au 26 Mai prochain et destinées à renouveler les députés de l’Union. Ainsi à partir du 30 juin, date de constitution du nouveau Parlement, Strasbourg ne comptera plus de députés britanniques dans ses rangs.

Nouveau référendum 

Probabilité : FAIBLE

Toujours pour respecter la volonté du peuple, Theresa May ne souhaite pas donner le moindre crédit à cette possibilité. L’exécutif bénéficie pourtant d’une brèche tangible pour contester l’issue d’un vote où la campagne de Nigel Farage, chantre du Brexit et retraité politique depuis le 23 juin 2016, s’est largement appuyée sur des arguments fallacieux. Plusieurs mouvements pro-Brexit ont même été sanctionnés pour non-respect des règles électorales. Une occasion magnifique de faire reculer les idées populistes outre-Manche. Une opportunité que la Première ministre a choisi de ne pas saisir.

No Deal

Probabilité : FAIBLE
 
Michel Barnier ou Jean-Claude Juncker l’ont martelé suite au rejet de l’accord, le risque d’un no deal, c’est-à-dire d’une sortie sans accord, a augmenté.

Pourtant de l’autre côté de la Manche, les députés favorables à un tel scénario ne sont pas plus d’une poignée aux Communes, tant du côté des europhiles que dans le camp des Brexiters. Rétablissement des tarifs douaniers, explosion du chômage, effondrement de la Livre Sterling, dérapage des prix, pénuries en tout genre ou encore avions cloués au sol sont comptés parmi les conséquences potentielles d’un no deal qui ne séduit guère de monde et pourrait finalement suffire à valider in-extremis un quelconque compromis provisoire.

Nouveau vote au Parlement

Probabilité : FORTE

Théoriquement, Theresa May dispose de trois jours ouvrés pour proposer un plan B aux parlementaires britanniques. Dans les faits, la Première ministre devrait s’en tenir à une déclaration d’intention, celle de retourner à Bruxelles pour obtenir davantage de garanties de l’UE, avant de soumettre un texte remodelé aux députés.

Mais le temps presse désormais alors que dans l’autre camp, on reste inflexible, arguant avoir établi le meilleur accord possible. En réalité, le cas irlandais, source de toutes les contestations, est indénouable puisque seules deux options sont sur la table :
  1. Rétablissement d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord, nation du Royaume-Uni, et la République d’Irlande, pays de l’UE. Une telle option serait contraire aux accords de Belfast et les deux parties se sont engagées à ne jamais l’accepter.
  2. Statut particulier pour l’Irlande du Nord. Dans ce cas, l’Ulster serait de fait maintenu dans l’Union douanière tandis que des contrôles seraient mis en place en mer d’Irlande. Cette solution, à l’origine du rejet de l’accord, reste contestée aux quatre coins du Royaume-Uni, chez les eurosceptiques comme chez les Remainers, notamment par le DUP, le parti unioniste nord-irlandais, ou par le SNP, le Parti national écossais, qui réclame le même statut que Belfast.
En conclusion, Londres reste dans l’impasse. Le manque de visibilité pèse sur la confiance des ménages et sur l’investissement des entreprises. La banque d’Angleterre s’inquiète pour la croissance et reste attentiste. L’idée d’un nouveau référendum d’indépendance en Ecosse, où on a massivement voté contre le Brexit en 2016, refait surface. En Irlande du Nord aussi, le sentiment europhile l’avait emporté dans les urnes, un signal qui pourrait potentiellement ouvrir la voie d’une réunification de l’ile à l’avenir, lorsque le souvenir des bombes n’existera plus qu’à travers les livres d’Histoire. Sans doute la voie royale vers un Brexit ordonné.