Le projet du Canada d'augmenter les impôts sur l'épargne des personnes fortunées et des entreprises est susceptible de freiner l'investissement, ce qui pourrait aggraver le malaise de la productivité qui a freiné la croissance économique au cours des dernières années, selon les économistes.

Dans le but d'augmenter les recettes pour financer le logement et d'autres programmes, le budget annuel du Canada a proposé mardi d'augmenter la part des plus-values soumises à l'impôt de la moitié à deux tiers pour les personnes dont les bénéfices d'investissement annuels sont supérieurs à 250 000 dollars canadiens (181 752 dollars), ainsi que pour les sociétés et les fiducies.

L'augmentation de l'impôt sur les plus-values pourrait décourager l'épargne, selon les économistes, un moteur essentiel de l'investissement des entreprises, qui a chuté au quatrième trimestre pour la sixième fois au cours des sept derniers trimestres et qui n'a pas été en mesure de dépasser durablement le pic de 2014.

"L'économie canadienne a besoin d'épargne et ce sont les personnes relativement riches qui ont maintenant moins d'incitation à épargner - ou plus d'incitation à déplacer cette épargne hors du pays", a déclaré Derek Holt, responsable de l'économie des marchés de capitaux à la Banque Scotia, dans une note.

"Moins de récompense après impôt est susceptible de décourager la prise de risque. Décourager l'investissement. Décourager tout ce qui pourrait résoudre les problèmes de productivité du Canada".

Le mois dernier, Carolyn Rogers, sous-gouverneur de la Banque du Canada, a déclaré que la faible croissance de la productivité au Canada constituait une "situation d'urgence", ajoutant que les entreprises devaient de toute urgence stimuler l'investissement pour résoudre le problème.

"Ce qui manque encore, c'est un plan clair pour promouvoir la productivité et restaurer la croissance économique au Canada. Le Canada continue de se laisser distancer par ses concurrents dans ces deux domaines", a déclaré Perrin Beatty, président-directeur général de la Chambre de commerce du Canada, dans un communiqué.

"Notre productivité à la traîne et la stagnation de la croissance du PIB signifient que les Canadiens s'appauvrissent collectivement et qu'ils travaillent plus dur pour rester là où ils sont aujourd'hui."

Le gouvernement libéral du Premier ministre Justin Trudeau affirme que la nouvelle mesure fiscale touchera 0,13 % de la population et rendra le système plus équitable.

Pourtant, le PIB canadien par habitant, une mesure clé du niveau de vie, a stagné ces dernières années, l'économie s'étant appuyée sur des niveaux d'immigration historiquement élevés pour stimuler l'activité.

"L'augmentation du coût du capital peut sembler être une bonne politique pour certains, mais c'est une mauvaise politique économique pour tous", a déclaré Goldy Hyder, président-directeur général du Conseil canadien des chefs d'entreprise, dans un communiqué.

"La redistribution des richesses n'est pas la création de richesses et les mesures de dépenses introduites aujourd'hui vont accabler les Canadiens de dettes sans encourager la croissance économique forte et soutenue qu'ils méritent."

(1 $ = 1,3755 dollar canadien)