(actualisé avec précisions)

JERUSALEM, 9 février (Reuters) - La forme du discours que le Premier ministre israélien Benjamin Netahnyahu doit prononcer le 3 mars devant le Congrès américain pourrait être revue afin d'apaiser les critiques suscitées par cette intervention en pleine campagne électorale en Israël, indiquent des responsables israéliens.

Invité par le président de la Chambre des représentants John Boehner, le chef du gouvernement israélien prévoit de prononcer devant le Congrès réuni en séance plénière un discours centré sur la question du programme nucléaire iranien.

L'invitation lancée par John Boehner a provoqué la consternation aux Etats-Unis et en Israël car cette initiative est perçue comme un moyen pour les républicains, favorables à l'actuel gouvernement israélien, de s'immiscer dans la politique de l'administration Obama à l'égard de l'Iran.

Cela donne également le sentiment que les relations privilégiées entre républicains et conservateurs israéliens passent avant les relations bilatérales entre les deux Etats. Cette invitation apparaît en outre comme un coup de pouce non négligeable à Netanyahu avant les élections du 17 mars.

Des responsables israéliens ont estimé que le chef du gouvernement devrait s'exprimer à huis clos devant les parlementaires américains et non lors d'une audience publique retransmise en direct à la télévision.

Une autre solution d'apaisement serait pour Netanyahu de prendre la parole lors de la réunion annuelle de l'American Israel Public Affairs Committee (Aipac), le plus puissant groupe de pression pro-israélien à Washington, prévue la même semaine dans la capitale fédérale.

PROTOCOLE

S'adressant lundi à la communauté russophone, le chef du gouvernement s'est dit décidé à aller exprimer aux Etats-Unis les objections de l'Etat hébreu concernant l'accord qui semble se dessiner avec l'Iran, sans préciser s'il entendait le faire en public devant le Congrès.

"Je suis (...) déterminé à aller à Washington pour exposer la position d'Israël aux membres du Congrès et aux Américains", a-t-il déclaré.

Barack Obama a quant à lui justifié lundi sa décision de ne pas le recevoir à l'occasion de cette visite.

"Nous avons pour habitude de ne pas rencontrer les dirigeants juste avant leurs élections. Cela ne relève que de notre façon de faire et il est important pour nous d'entretenir ces protocoles parce que notre relation avec Israël ne dépend pas d'un seul parti", a expliqué le président à l'issue d'un entretien avec la chancelière allemande Angela Merkel à la Maison blanche.

Selon un sondage pour la radio de l'armée israélienne, 47% des personnes interrogées estiment que Netanyahu devrait renoncer à ce discours et 34% jugent qu'il ne doit rien changer à son programme.

Cette polémique pourrait avoir des conséquences sur les résultats électoraux.

Selon un sondage du Times of Israel publié lundi, le Likoud pourrait obtenir 23 des 120 sièges à la Knesset, soit quatre de moins que l'opposition de centre gauche. Les précédentes enquêtes montraient que les conservateurs et l'alliance de l'opposition étaient au coude à coude avec 24 sièges chacun. (Luke Baker; Pierre Sérisier pour le service français)