* Première rencontre face à face samedi matin

* La déclaration de Genève I base des discussions

* Brahimi juge "encourageantes" ses premières discussions

* Peu de progrès politiques pourtant attendus (Actualisé avec Homs, Fabius, §§ 5, 6, 10)

par Khaled Yacoub Oweis et Mariam Karouny

GENEVE, 24 janvier (Reuters) - Pour la première fois en près de trois ans de guerre civile, la délégation de l'opposition syrienne aux négociations de Genève rencontrera samedi matin en face à face celle du gouvernement de Damas, pour une brève réunion présidée par le médiateur international Lakhdar Brahimi.

La rencontre débutera à 10h00 (09h00 GMT) dans les bureaux des Nations unies à Genève, a précisé à Reuters un délégué de l'opposition, Anas al Abdeh.

"Nous sommes satisfaits du communiqué de M. Brahimi aujourd'hui et du fait que le régime ait accepté (la déclaration de) Genève I. Sur cette base, nous rencontrerons demain matin la délégation d'Assad."

"Ce sera une courte séance au cours de laquelle seul Brahimi parlera. Il y aura une autre séance, plus longue, dans l'après-midi", a ajouté le délégué.

Selon des sources diplomatiques, les deux délégations ont accepté de discuter pendant les deux prochains jours des moyens de faire parvenir une aide humanitaire à la ville de Homs, dans le centre de la Syrie, où les rebelles sont assiégés par les gouvernementaux.

"Les aspects pratiques ont été étudiés, les choses sont prêtes et si le gouvernement syrien ne s'y oppose pas, cela pourrait aller très vite", a-t-on dit de même source.

Lakhdar Brahimi a annoncé que la délégation du gouvernement syrien avait accepté que les principes du communiqué de Genève I en juin 2012, qui prévoit la mise en place d'un gouvernement de transition formé par "consentement mutuel", servent de base aux pourparlers directs avec l'opposition.

DISCUSSIONS "ENCOURAGEANTES"

Le diplomate algérien a jugé "encourageantes" les discussions qu'il a eues séparément vendredi avec les deux camps.

Il a cependant fait remarquer que ceux-ci avaient "des interprétations différentes de certains éléments" de la déclaration de 2012. "Je pense que les deux parties comprennent cela très bien et l'acceptent", a ajouté Lakhdar Brahimi.

Une autre semaine de discussions est prévue à Genève mais les diplomates s'attendent à peu de progrès politiques. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a ainsi jugé "malheureusement irréaliste" d'attendre une solution politique immédiate.

Négocié par les pays du Groupe d'action sur la Syrie, le communiqué de Genève I appelle à la formation d'un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs exécutifs pour superviser le changement en Syrie "formé sur la base du consentement mutuel".

La Coalition nationale syrienne (CNS), principale organisation représentative de l'opposition en exil, avait lié sa participation à des discussions directes à une reconnaissance de ce texte par la délégation de Damas.

"FAIBLES ATTENTES"

Vendredi matin, les choses semblaient se présenter plutôt mal. Les délégués du gouvernement syrien avaient même menacé de quitter la Suisse dès samedi.

"Si aucune séance de travail sérieuse n'a lieu d'ici samedi, la délégation officielle syrienne quittera Genève en raison du manque de sérieux ou de préparation de l'autre partie", avait déclaré Walid al Moualem, ministre syrien des Affaires étrangères et chef de la délégation.

Pour sa part, l'opposition exigeait que la délégation gouvernementale approuve le communiqué de Genève I.

"Nous avons explicitement demandé un engagement écrit de la délégation du régime acceptant Genève I. Sinon, il n'y aura pas de négociations directes", avait averti un délégué de l'opposition, Haitham al Maleh.

La journée d'ouverture de la conférence de paix, dite de Genève II, mercredi à Montreux, sur les bords du lac Léman, a souligné la profondeur des divergences entre le gouvernement Assad et la délégation de la Coalition nationale syrienne (CNS), la principale organisation représentative de l'opposition syrienne en exil. (voir )

Mais malgré l'âpreté des propos tenus - les deux parties se sont mutuellement accusées des pires atrocités -, les participants espèrent pouvoir sauver le processus en se fixant des objectifs concrets visant à améliorer la vie quotidienne des populations civiles, à défaut de négocier d'emblée sur la nature du futur régime politique à Damas.

Selon Lakhdar Brahimi, les deux parties se disent prêtes à discuter d'un échange de prisonniers, d'un accès pour l'aide humanitaire et de cessez-le-feu locaux.

"Les attentes sont si faibles qu'on suit les événements au jour le jour", confie un diplomate occidental. "Chaque fois qu'ils se parlent, c'est déjà un petit progrès", a-t-il dit. (Avec Samia Nakhoul, John Irish et Tom Miles; Jean-Stéphane Brosse, Henri-Pierre André et Guy Kerivel pour le service français, édité par Danielle Rouquié)