par Idrees Ali et Phil Stewart

WASHINGTON, 2 février (Reuters) - Les Etats-Unis ont mené vendredi des frappes de représailles en Irak et en Syrie contre plus de 85 cibles liées aux Gardiens de la révolution iranienne et aux milices qui y sont affiliées, a déclaré l'armée américaine, après l'attaque de drone en Jordanie qui a tué trois soldats américains et en a blessé une quarantaine d'autres.

Ces frappes seraient la première d'une série de mesures prises par l'administration du président Joe Biden en réponse à l'attaque menée contre ses troupes la semaine dernière, que les Etats-Unis ont imputée à des groupes soutenus par l'Iran.

Si les frappes américaines n'ont pas visé de sites en Iran, elles sont susceptibles d'accroître les inquiétudes concernant les tensions au Moyen-Orient.

Les frappes ont touché plus de 85 cibles, notamment des centres de commandement et de contrôle, des installations de stockage de roquettes, de missiles et de drones, ainsi que des installations logistiques et des chaînes d'approvisionnement en munitions, a précisé l'armée américaine dans un communiqué.

Le général Douglas Sims, directeur des opérations à l'état-major américain, a dit que les frappes semblaient avoir été couronnées de succès et qu'elles avaient provoqué d'importantes explosions lorsque les bombes avaient touché des dépôts d'armes.

La décision de procéder à ces frappes a été prise malgré le risque qu'elles ne fassent des victimes parmi les personnes se trouvant dans les installations visées.

Les médias d'Etat syriens ont rapporté qu'une "agression américaine" avait eu lieu contre des sites situés dans les zones désertiques de la Syrie et à la frontière syro-irakienne, faisant un certain nombre de victimes et de blessés.

Des responsables américains ont déclaré à Reuters que Washington estimait que le drone utilisé dans l'attaque menée la semaine dernière contre les troupes américaines avait été fabriqué par l'Iran.

"Notre réponse a commencé aujourd'hui. Elle continuera quand et où nous le déciderons", a déclaré Joe Biden dans un communiqué.

Plus tôt dans la journée, le président américain et des responsables du Pentagone avaient assisté à la base aérienne de Dover, dans l'Etat du Delaware, au retour des dépouilles des trois soldats américains tués lors de l'attaque en Jordanie.

Le Pentagone a affirmé qu'il ne voulait pas de guerre avec l'Iran.

"Nous ne cherchons pas de conflit au Moyen-Orient, ni où que ce soit, mais le président et moi ne tolérerons pas les attaques contre les forces américaines", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin.

Le président iranien Ebrahim Raïssi a fait savoir, avant le lancement des frappes américaines, qu'il ne déclencherait pas de conflit mais que Téhéran "répondrait fermement" à toutes les tentatives d'intimidation.

L'Irak a prévenu tôt samedi que les frappes américaines constituaient une violation de sa souveraineté, sapaient les efforts du gouvernement irakien et représentaient une menace qui pourrait provoquer l'instabilité dans la région.

Le porte-parole du conseil de sécurité nationale de la Maison blanche, John Kirby, a déclaré que le gouvernement irakien avait été informé par avance des frappes menées vendredi. (Avec la contribution de Jeff Mason et Timour Azhari; version française Camille Raynaud)