DUBAÏ, 12 décembre (Reuters) - Le directeur général de la COP28, Majid Al Suwaidi, a dit mardi souhaiter que l'avenir des combustibles fossiles figure dans l'accord final du sommet, ce qui constituerait une première, tout en renvoyant les 200 pays participants à la responsabilité de parvenir à un "compromis" sur le sujet.

S'adressant à la presse après les vives critiques suscitées par la dernière version du projet d'accord diffusé lundi soir, dans laquelle ne figure plus l'objectif de sortie des énergies fossiles, le responsable émirati a assuré qu'il ne s'agissait pas de la version définitive.

Le président de la COP28, Sultan al Jaber, lui-même à la tête de la compagnie pétrolière des Emirats arabes unis, connaît désormais les "lignes rouges" de tous les pays et va modifier le projet d'accord pour inclure "tous les éléments dont nous avons besoin pour (avoir) un plan global pour 2030", a assuré Majid al Suwaidi.

"Lors de cette COP, nous essayons de faire quelque chose qui n'a jamais été fait auparavant, quelque chose d'historique... Une partie de cela consiste à inclure les combustibles fossiles dans le texte. Si nous le pouvons, ce serait historique", a-t-il déclaré.

Faisant référence aux négociations en cours, qui pourraient s'étendre au-delà de mardi soir, date à laquelle le sommet doit normalement s'achever, il a ajouté : "De nombreuses questions restent sur la table et c'est normal à ce stade."

Majid al Suwaidi a présenté le projet d'accord diffusé lundi soir, qui a suscité l'indignation de certains pays développés, des petits Etats insulaires menacés par le changement climatique et des ONG environnementales, comme un "point de départ" pour des discussions qui ont duré presque toute la nuit et ont permis selon lui aux participants de clarifier leurs positions.

"En publiant notre première version du texte, nous avons amené les parties à nous présenter rapidement leurs lignes rouges", a-t-il déclaré. "Nous avons passé la nuit dernière à discuter, à prendre en compte ces retours et cela nous a permis de rédiger un nouveau texte."

La question des combustibles fossiles n'a jamais figuré dans aucun communiqué final d'une COP, quand bien même le consensus scientifique les désigne comme les premiers responsables du réchauffement climatique.

Leur évocation constituerait donc une première, mais compte tenu de l'urgence illustré par l'emballement climatique des dernières années, de nombreux participants à la COP28 demandent que leur élimination progressive soit mentionnée explicitement dans l'accord, comme c'était le cas dans les premières moutures du texte, au lieu de l'énumération de mesures facultatives qui "pourraient" permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre figurant dans la dernière version du texte.

Cette ambition se heurte cependant à l'opposition acharnée des pays producteurs de pétrole de l'Opep et de leurs alliés. (Reportage de Gloria Dickie et Elizabeth Piper, version française Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)