L'extension de Trans Mountain (TMX) triplera presque le flux de brut des sables bitumineux de l'Alberta vers Burnaby, en Colombie-Britannique, pour le faire passer de 300 000 bpj à 890 000 bpj, mais le projet s'est heurté à des retards réglementaires, à l'opposition des écologistes et à la montée en flèche des coûts.

En mars, TMC a déclaré que l'expansion coûterait 30,9 milliards de dollars canadiens (23 milliards de dollars), soit plus de quatre fois l'estimation initiale, et que la facture finale pourrait encore augmenter.

La demande de péage est un signe que le TMX, qui doit commencer à être expédié au premier trimestre 2024, est proche de la ligne d'arrivée, plus de dix ans après sa première proposition.

Mais l'oléoduc aura du mal à récupérer les milliards dépensés pendant la construction, selon les analystes, ajoutant que le gouvernement canadien, qui l'a acheté en 2018 pour s'assurer qu'il soit construit et prévoit de le vendre une fois achevé, est confronté à une perte substantielle.

"TMX est vraiment coincé entre le marteau et l'enclume. Il est peu probable qu'elle puisse appliquer un taux compatible avec un rendement viable sur un investissement de 31 milliards de dollars canadiens", a déclaré Stephen Ellis, analyste chez Morningstar, qui estime que l'oléoduc vaudra environ 15 milliards de dollars canadiens une fois qu'il sera achevé.

Dans une demande déposée le 1er juin auprès du régulateur canadien de l'énergie (CER), TMC a proposé un droit de base de 11 à 12 dollars canadiens (8 à 9 dollars) par baril, en fonction du type de brut transporté et de sa destination finale. Tout expéditeur s'engageant pour une durée supérieure à 15 ans ou pour plus de 75 000 bpj bénéficierait d'une remise.

Le dossier indique que le péage est basé sur la dernière estimation des coûts du projet et n'est pas définitif. Il augmenterait d'environ 0,07 dollar canadien par baril pour chaque tranche supplémentaire de 100 millions de dollars canadiens consacrée à l'achèvement de l'oléoduc.

"Les droits sont ajustés en fonction des changements dans le coût du projet selon une formule spécifiée dans le contrat", a déclaré un porte-parole de Trans Mountain dans un courriel.

Ben Pham, analyste chez BMO Capital Markets, a déclaré dans une note que les droits de TMX se comparent à un droit de 8 à 10 dollars le baril pour que le brut canadien atteigne la côte américaine du golfe du Mexique, ce qui est "bien supérieur" au droit initial prévu par TMX, qui était d'environ 4,50 dollars le baril.

Il y a un mois, la société pipelinière rivale Enbridge a convenu d'un nouveau droit moins élevé avec les expéditeurs sur son réseau Mainline, qui transporte la majeure partie du brut canadien vers les États-Unis.

Après des années d'espace limité dans les oléoducs, le marché pétrolier canadien disposera d'une capacité d'exportation excédentaire à partir de l'année prochaine, ce qui signifie que TMX sera vulnérable à la concurrence de ses rivaux, a déclaré M. Ellis de Morningstar.

TMC a demandé à l'autorité de régulation d'approuver les péages avant le 14 septembre.

(1 $ = 1,3428 dollar canadien)