Zurich (awp) - Le groupe d'ingénierie ABB a résisté l'an dernier, face à des conditions de marché difficiles, mais son bénéfice a été lourdement touché. En raison de l'épidémie de coronavirus, la production a été arrêtée en Chine. Ce sera sans doute un thème à gérer par le nouveau patron qui arrive dans un peu moins d'un mois.

Sur l'ensemble de 2019, les recettes ont très légèrement progressé (+1%) à 27,9 milliards de dollars (quasiment autant en francs suisses), tandis que les commandes sont restées stables à 28,6 milliards. Celles des divisions électrification et moteurs ont gagné respectivement 10% et 1%, quand celles du segment robotique et automation ont chuté de 14%.

Le bénéfice net s'est effondré de 34% à 1,4 milliard de dollars, pénalisé notamment par les coûts de restructuration. Les liquidités provenant des opérations ont elles dégringolé de 20% à 2,3 milliards.

Les économies réalisées dans le cadre du programme de simplification ont atteint les 150 à 200 millions de dollars prévus, en raison notamment de la baisse des effectifs des activités poursuivies. En effet, 3900 personnes ont quitté l'entreprise en une année, portant les effectifs à 10'000 personnes fin 2019. Le transfert des employés vers les différentes divisions a entraîné au siège la suppression de 900 postes.

Des fonds issus de la vente de Power Grids à Hitachi, dont la finalisation est attendue au deuxième trimestre, serviront à des rachats d'actions. ABB table sur un gain comptable avant impôts de 5 milliards de dollars avec cette vente.

Ralentissement aux Etats-Unis

Au seul quatrième trimestre 2019, le chiffre d'affaires d'ABB a reculé de 4% à 7,07 milliards de dollars quand les entrées de commandes ont baissé de 1% à 6,89 milliards. En Europe, la Suisse et l'Allemagne ont enregistré une "excellente croissance des commandes", tandis que la tendance était à la baisse aux Etats-Unis (-7%), "reflétant un ralentissement de l'économie".

L'Ebita opérationnel a lui atteint 710 millions de dollars, en hausse de 22%. Le bénéfice après minoritaires a lui progressé de 3% à 325 millions. Le dividende reste stable à 80 centimes de franc par action.

Si les recettes ont été inférieures au consensus compilé par AWP, les entrées de commandes et l'Ebita ont été plus importants qu'attendu. Le bénéfice lui a fait nettement mieux que prévu, tout en se situant dans la vaste fourchette des prévisions.

A court terme, la croissance s'annonce plus faible aux Etats-Unis et en Europe, tandis que la stabilisation en Chine devrait être perturbée par l'épidémie de coronavirus, selon le communiqué. Le président et directeur général Peter Voser a indiqué que les usines étaient fermées en Chine depuis cette semaine à cause du coronavirus. Le pays a représenté 15% des recettes en 2019.

Dès que possible, "nous souhaitons redémarrer les capacités aussi rapidement que possible et aussi normalement que possible", a-t-il ajouté lors d'une conférence téléphonique. Les effets de l'arrêt de la production ne sont pas encore quantifiables, selon l'Argovien.

Il s'attend en 2020 à un chiffre d'affaires stable à un peu plus élevé qu'en 2019, ainsi qu'à une légère amélioration des marges, surtout au deuxième semestre. Toutefois, "des vents contraires existent dans certains marchés, particulièrement dans l'automobile, la construction de machines et les secteurs de production d'énergie conventionnelle".

Nouveau patron au 1er mars

Le nouveau directeur général, le Suédois Björn Rosengren, prendra les commandes du spécialiste zurichois de l'électrotechnique le 1er mars. Il a commencé "à se familiariser avec les activités et le personnel", a précisé M. Voser qui reprendra la casquette unique de président du conseil d'administration. La tâche du nouveau patron sera de "continuer la transformation" du groupe.

L'arrivée du patron du groupe technologique Sandvik à la tête d'ABB suscite l'intérêt des investisseurs selon la Banque royale du Canada, qui salue son "impressionnant palmarès en matière de rendement pour les actionnaires et de décentralisation des activités, en ligne avec la stratégie d'ABB".

Pour UBS, le groupe zurichois a réalisé une fin d'année décente, avec "un ensemble de chiffres suffisamment bons, une bonne progression des prises de commandes et une résistance des marges malgré des revenus plus faibles".

Deutsche Bank estime de son côté que les prévisions 2020 s'avèrent prudentes et même peu inspirantes.

Le titre ABB a bénéficié d'une forte demande tout au long de la séance. L'action a clôturé en nette hausse de 4,8% à 24,43 francs suisses, alors que l'indice vedette SMI a pris 1,79%.

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