LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton : Le luxe baigne dans l'incertitude
Le 21 février 2020 à 12:25
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Les valeurs du luxe, particulièrement exposées à la Chine et " son " coronavirus, affichent logiquement une sous-performance par rapport au marché. Toutefois, l'ampleur de l'écart entre les actions des trois ténors français et le CAC 40 apparaît malgré tout limité. Kering accuse une baisse de 3,9% depuis le début de l'année, LVMH, de 1,2% tandis que Hermès, protégée par statut de valeur " ultra-luxe " et refuge, gagne même 4,9 contre un CAC 40 en hausse de 1,2%.
Les investisseurs ne souffriraient-ils pas d'un excès d'optimiste sur un secteur dépendant à 35% de la clientèle chinoise ? Les analystes réservent leur réponse.
Oddo BHF dit par exemple s'attendre à une chute des ventes au premier trimestre et, par là, à un repli à un chiffre des revenus et supérieur à 15% du résultat opérationnel au premier semestre.
Le courtier distingue ensuite deux scénarios : un rattrapage au second semestre, qui sauverait une bonne part des résultats annuels (et validerait la vision du marché), ou une poursuite de la baisse liée à persistance du virus mais aussi à des effets "de second tour". Dans ce dernier cas prévient l'analyste, les titres pourraient être de nouveaux malmenés.
Après un cycle de forte croissance, Goldman Sachs s'attend de son côté à un arrêt du " momentum " cette année. Le broker redoute même une contraction si une reprise ne s'amorçait pas au cours du second semestre.
Toutefois tempère-t-il, l'impact négatif du virus sur la demande devrait être temporaire, les marques étant susceptibles de rattraper les ventes perdues, en fonction de leurs forces, des catégories de produits et de la durée de la disruption.
La banque américaine table désormais une croissance nulle du marché du luxe, contre une hausse de 5% auparavant. Dans ce cadre, elle a réduit de 11% sa prévision moyenne de bénéfice par action du secteur. La croissance pourrait cependant rebondir en 2021, raison pour laquelle il relève sa prévision de croissance de +6% à +8%.
Selon Goldman Sachs, les groupes les mieux armés pour résister au choc et profiter du rebond en 2021 sont LVMH, Kering, Moncler et Fartech. S'ils sont fortement exposés à la Chine, ils ont prouvé leur capacité à gagner des parts de marché et à promouvoir leurs marques qui jouissent d'une identité forte.
LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton SE est le leader mondial des produits de luxe. Le CA par famille de produits se répartit comme suit :
- articles de mode et de maroquinerie (48,9%) : marques Louis Vuitton, Kenzo, Celine, Fendi, Marc Jacobs, Givenchy, etc. ;
- montres et bijoux (12,7%) : marques Bulgari, TAG Heuer, Zenith, Hublot, Chaumet, Fred, Tiffany, etc. ;
- parfums et produits cosmétiques (9,6%) : parfums (marques Christian Dior, Guerlain, Loewe, Kenzo, etc.), produits de maquillage (Make Up For Ever, Guerlain, Acqua di Parma, etc.), etc. ;
- vins et spiritueux (7,7%) : champagnes (marques Moët & Chandon, Mercier, Veuve Clicquot Ponsardin, Dom Pérignon, etc. ; n° 1 mondial), vins (Cape Mentelle, Château D'Yquem, etc.), cognacs (notamment Hennessy ; n° 1 mondial), whisky (notamment Glenmorangie), etc.
Le solde du CA (21%) concerne essentiellement une activité de distribution sélective assurée au travers des chaînes Sephora, DFS et des grands magasins Le Bon Marché et La Samaritaine.
A fin 2023, la commercialisation des produits est assurée au travers d'un réseau de 6 097 magasins dans le monde.
La répartition géographique du CA est la suivante : France (7,9%), Europe (16,4%), Japon (7,3%), Asie (30,8%), Etats-Unis (25,3%) et autres (12,3%).