Les investisseurs s’étaient habitués à voir Alphabet, société-mère de Google, enregistrer une croissance supérieure à 20% trimestre après trimestre. Mais pour un groupe de cette taille, près de 137 milliards de dollars de revenus en 2018, maintenir un tel rythme devenait de plus en plus difficile. Pour y parvenir cette année, il aurait du générer 30 milliards de dollars de chiffre d’affaires supplémentaire ! Il n'y est pas parvenu au premier trimestre à la grande déception des analystes. Le titre Alphabet chute ainsi de 8,46% à 1 178,71 dollars sur la place de New York.

Le chiffre d'affaires du numéro un mondial de la publicité a augmenté de 17% à 36,34 milliards de dollars, ressortant sous les attentes de Wall Street : 37,3 milliards de dollars. Il a progressé de 19% hors impact des changes contre +22% au trimestre précédent. La croissance est ainsi ressortie sous les 20% pour la première fois depuis le troisième trimestre 2014.

Ses revenus publicitaires ont, eux, augmenté de 15,3% à 30,72 milliards de dollars. Ils ont aussi ralenti, affichant leur plus faible hausse depuis 2015. Ils avaient progressé de 19,9% sur les trois derniers mois de 2018.

Non seulement, l'activité n'a pas été aussi dynamique que prévu, mais les explications données par la directrice financière du groupe, Ruth Porat, n'ont pas été jugées suffisamment claires. Elle a mis en cause les effets de changes, une base de comparaison défavorable et les changements opérés au niveau des produits publicitaires en 2018.

" Le groupe n'a pas fourni plus de clarté quant à la nature des changements, si l'impact sera linéaire par trimestre ou s'il y aura d'autres changements à venir ", a regretté Morgan Stanley à l'instar de plusieurs de ses confrères. Il appelle donc à plus de transparence, qui selon lui, restera un élément clé de la valorisation à long terme.

Certains investisseurs craignent que ce ralentissement ne soit la conséquence de l'intensification de la concurrence dans la publicité en ligne. Si Google a longtemps écrasé ce marché, il doit désormais faire face à la concurrence de Facebook, mais aussi d'Amazon, qui serait numéro trois aux Etats-Unis, selon la société d'études eMarketer.

Les résultats du premier trimestre ont, eux, dépassé les attentes. La célèbre firme Internet a enregistré un bénéfice net de 6,66 milliards de dollars, soit 9,50 dollars par action, à comparer avec un bénéfice net de 9,4 milliards de dollars, soit 13,33 dollars par action, un an plus tôt en raison de la réforme fiscale.

Les comptes de cette année comprennent cependant l'amende de Bruxelles de 1,7 milliard de dollars. Corrigé des éléments exceptionnels, le bénéfice par action est ressorti à 11,90 dollars, dépassant le consensus IBES s'élevant à 10,61 dollars.

Sa marge opérationnelle, qui est très surveillée, a reculé de 3 points, hors impact de l'amende, à 22%. Google est régulièrement critiqué par les analystes pour être trop dispendieux. Le titre avait été sanctionné pour cette raison lors de la publication des résultats du quatrième trimestre.

Les dépenses opérationnelles ont augmenté de 20% ce trimestre, hors amende, à 12 milliards de dollars et les investissements ont représenté 4,6 milliards de dollars.

Google a réitéré sa prévision d'un net ralentissement de la croissance des investissements totaux en 2019, mais a confirmé qu'il investira 13 milliards de dollars dans les centres de données et ses bureaux aux États-Unis cette année.