Alors que le poids de la France est devenu crucial pour le distributeur depuis une première vague de ventes d'actifs en Asie, le groupe a dit viser une progression de 10% par an du résultat opérationnel courant (Roc) dans l'Hexagone entre 2019 et 2021 et une marge en hausse de 0,2 point par an grâce à ses formats de proximité, à une accélération dans le e-commerce et le bio et à sa diversification dans de nouveaux métiers.

Très suivie par les investisseurs, la génération de trésorerie est attendue par le groupe à 500 millions d'euros par an.

Le distributeur, plombé par sa dette et qui a engagé un deuxième plan de cessions d'actifs pour regagner la confiance des marchés, a aussi relevé son objectif de cessions à plus de 2,5 milliards d'euros d'ici au début de 2020 après avoir atteint l'objectif de 1,5 milliard prévu en 2019.

Mais l'attention des investisseurs se focalise sur la capacité du groupe à générer de la croissance et à dégager de la trésorerie de façon intrinsèque, sans l'aide des cessions.

Après avoir débuté en hausse à la Bourse de Paris, le titre s'est retourné à la baisse et perdait 2,61% à 44,03 euros à 13h00, alors que le SBF120 gagnait 0,65%.

"Casino a livré un tableau très positif de free cash flow, mais si vous appliquez des méthodes de reporting plus standard et que vous excluez le cash tiré des cessions d'actifs (comme les ventes de murs de Monoprix, ndlr), vous obtenez un free cash flow négatif en France", note Bruno Monteyne, analyste de Bernstein.

Un autre analyste souligne que "le marché attend une amélioration des fondamentaux du groupe qui lui permettrait de supporter ses frais financiers et ses dividendes sans avoir recours à des ventes d'actifs".

Or, selon lui, "les objectifs de marge sont atteints grâce à des cessions d'actifs non rentables, ce qui ne constitue pas une stratégie de croissance durable".

PAS DE CHIFFRES SUR LES HYPERS GÉANT

Outre les ventes d'actifs destinés à son désendettement, le groupe a aussi engagé un plan de cessions et de fermetures de magasins déficitaires.

La baisse des dépenses d'investissement à 1,8% des ventes, contre 2,6% à 2,7% en moyenne pour le secteur, n'est pas non plus très porteuse pour l'avenir, ajoute le même analyste.

Casino n'a pas donné de prévision de croissance de ses ventes en France entre 2019 et 2020 ni d'indication sur la rentabilité de ses hypermarchés Géant, laissant certains analystes supposer que ces grands formats pourraient ne pas avoir retrouvé l'équilibre en 2018, contrairement à ce qui avait été promis.

D'ici à 2021, Casino mise sur l'ouverture de 300 magasins de proximité, sur la réduction de son exposition aux hypermarchés (à 15% du volume d'affaires contre 21% aujourd'hui grâce à des cessions de magasins non rentables), sur un chiffre d'affaires de 1,5 milliard dans le bio (contre 1,0 milliard en 2018) et sur une accélération dans le e-commerce grâce à CDiscount et ses partenariats avec Ocado et Amazon.

Il table aussi sur le déploiement de ses nouveaux métiers plus rentables que sont GreenYellow (fournisseur de systèmes d'économies d'énergie), Relevanc (monétisation de données) ou ScaleMax, toute nouvelle coentreprise de "datas centers" installés dans les entrepôts et réserves de ses magasins.

Grâce à ces filiales, Casino espère réduire son exposition à un marché français de la distribution alimentaire dont les marges restent rongées par une concurrence féroce.

Le groupe va aussi engager un plan d'économies de 200 millions d'euros, dont la moitié sera réalisée en 2019, et le reste en 2020.

Le résultat opérationnel courant (Roc) 2018 a progressé de 9,8% à taux de changes constants et de 18% hors crédits fiscaux à 1,21 milliard d'euros, proche de la prévision faite en janvier.

Pour 2019, le groupe vise une forte amélioration de l'Ebitda de CDiscount, une hausse de la marge d'Ebitda de plus de 30 point de base au Brésil et une amélioration en Colombie.

A la fin 2018, grâce aux cessions, la dette financière nette de Casino France a été ramenée à 2,7 milliards d'euros, contre 3,7 milliards un an plus tôt.

Après un plongeon de 28% en 2018, le titre Casino s'est vivement redressé (+20%) depuis janvier, avec la publication d'un chiffre d'affaires jugé rassurant et la confirmation des objectifs financiers du groupe.

La valeur reste néanmoins la plus "shortée" du marché français, selon les données de IHS Markit. Les ventes à découvert comptaient, le 12 mars, pour 35,4% de son capital flottant, contre 40% en septembre 2018. Au niveau européen, elle arrive en deuxième position derrière l'italien Mediaset.

(Service Entreprises, Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis