BERLIN, 18 novembre (Reuters) - Emmanuel Macron a invité l'Allemagne à surmonter ses peurs et à se rapprocher de la France pour approfondir l'Europe et la consolider face aux périls mondiaux, lors d'un discours dimanche au Bundestag, à Berlin.

Le président français, qui s'entretiendra dans l'après-midi avec Angela Merkel, juge que des avancées rapides sont nécessaires, après celles enregistrées sur le travail détaché et la défense, pour contrer la force des eurosceptiques à l'approche des élections européennes de mai 2019.

Il espère s'accorder avec la chancelière pour tenter de convaincre leurs partenaires européens d'entériner en décembre des mesures pour taxer davantage les grandes entreprises du numérique et approfondir la zone euro.

"Notre monde se trouve à la croisée des chemins" et peut "se ruer comme il l’a déjà fait dans le précipice de la fascination pour la technique sans conscience, pour le nationalisme sans mémoire, pour le fanatisme sans repère", a dit Emmanuel Macron devant les députés et le gouvernement allemands, lors d'un discours à l'occasion du "Jour du souvenir", dédié à la réconciliation, l’entente, la paix et les victimes des guerres.

"L’Europe, et en son sein le couple franco-allemand, se trouvent investis de cette obligation de ne pas laisser le monde glisser dans le chaos", a-t-il ajouté.

Pour y parvenir, "nous devons surmonter nos tabous et surmonter nos habitudes", a-t-il ajouté.

"Cette nouvelle étape nous fait peur car chacun devra partager, mettre en commun sa capacité de décision, sa politique étrangère, migratoire ou de développement, une part croissante de son budget et même des ressources fiscales, construire une défense commune, faire de l’euro une monnaie internationale dotée d’un budget", a poursuivi le président français.

Après la feuille de route commune de réformes rédigée en juin, Emmanuel Macron veut trouver des convergences avec Berlin que le Conseil européen des 13 et 14 décembre avaliserait, avant d'éventuellement d'aller plus loin après le scrutin européen.

Le ministre allemand des Finances, Olaf Scholz, a apaisé lundi une forme d'inquiétude à Paris, en déclarant que l'Allemagne soutenait le modèle français de taxe sur le numérique. Ce soutien est indispensable pour espérer convaincre les pays toujours opposés à une telle taxation, notamment l'Irlande, le Danemark et la Suède.

Paris espère aussi s'accorder avec Berlin sur les trois piliers du projet d'approfondissement de la zone euro - budget, achèvement de l'union bancaire et réforme du Mécanisme européen de stabilité (MES), qui figurent dans la déclaration franco-allemande de Meseberg mais dont les modalités les divisent.

Taxation des "Gafa" (du nom de Google GOOGL.O, Apple AAPL.O), Facebook FB.O) et Amazon AMZN.O) et approfondissement de la zone euro seront examinés par les ministres des Finances de la zone euro lundi, avec l'objectif de s'accorder lors d'une nouvelle réunion le 4 décembre. (Andrea Shalal à Berlin et Jean-Baptiste Vey à Paris, édité par Sophie Louet)

Valeurs citées dans l'article : Apple, Amazon.com, Facebook, Alphabet