Les actionnaires de Carrefour, notamment ceux qui ont passé quelques années à avaler des couleuvres, ont toutes les raisons de se réjouir du démarrage en trombes du titre en bourse en matinée de la séance du 18 octobre, avec un rare +6% dès les premiers échanges, à 16,72 EUR, dans un contexte boursier global qui ne reprise pourtant pas l'euphorie. Est-ce un énième feu de paille ou le grand retournement tant attendu ?
La réponse à cette question est évidente après les chiffres publiés ce matin : nous n'en savons rien. Mais le faisceau d'indicateurs qui convergent habituellement vers la déprime est en train d'intégrer des données plus favorables. Surtout, ces données ont tendance à se pérenniser dans le temps. Par le passé, Carrefour a souvent eu des sursauts sans lendemain. Qu'est-ce qui fait penser aux investisseurs qu'ils tiennent enfin leur embellie ?
Les chiffres d'abord. La croissance sur une base constante a accéléré à 2,1% au troisième trimestre après 0,9% au second. C'est un indicateur important de la vigueur de l'enseigne, qui retrouve une dynamique plus solide, notamment en France. "C'est un premier trimestre encourageant pour le retournement", écrit ce matin Bruno Monteyne chez Bernstein (performance de marché, objectif 17,50 EUR), en saluant les hypermarchés français, le Brésil et la Chine.
Le bon contrôle des dépenses aussi, qui permet à la direction d'être confiante quant aux objectifs de résultats 2018. "Une validation du consensus 2018 et une baisse des dépenses d'investissement qui plaît", résume James Grzinic, chez Jefferies (conserver, objectif 15 EUR) qui conserve malgré tout un biais prudent car si "des progrès manifestes ont été réalisés sur la base de coûts, ils sont contrebalancés par des dynamiques concurrentielles toujours difficiles sur plusieurs marchés clefs".
Le ton du management a lui aussi changé. "Concernant notre performance commerciale, il y a un message important aujourd'hui. La croissance de nos ventes s'est accélérée au troisième trimestre", a expliqué le directeur financier Matthieu Malige, qui souligne que l'amélioration repose non seulement sur l'amélioration de l'efficacité commerciale notamment en France, mais aussi sur une accélération marquée dans la vente en ligne et sur une embellie sur la tendance générale. "En France, Carrefour affiche la meilleure croissance trimestrielle de ses ventes alimentaires depuis 2015", a martelé le dirigeant en conférence téléphonique avec les analystes, conférence durant laquelle il a confirmé que "le consensus annuel actuel est en ligne avec la performance du groupe sur neuf mois".
Ça coince encore en revanche en Italie et en Espagne, qui seront probablement deux gros chantiers des mois à venir, comme l'ont suggéré les dirigeants, sans entrer dans les détails, lors de la conférence de présentation des chiffres hier soir. Mais globalement, le ton des analystes est confiant. "L’amélioration séquentielle des ventes, que nous escomptions, et les économies de coûts, conformes aux attentes, confortent pour nous le début de la recovery", explique Laurence Hoffmann, qui suit le dossier pour Oddo BHF et qui réitère sa recommandation à l'achat et son objectif de 20 EUR. Ce regain d'intérêt est confirmé par HSBC, qui est repassé ce matin à l'achat sur le dossier, en portant son objectif de 15 à 18,50 EUR.
Carrefour est le n° 1 européen et le n° 2 mondial de la grande distribution. L'activité du groupe s'organise autour de 3 types de magasins :
- hypermarchés : détention, à fin 2023, de 1 182 magasins sous les enseignes Carrefour et Atacadão ;
- supermarchés : détention de 4 146 magasins sous l'enseigne Carrefour Market ;
- autres : exploitation d'un réseau de 8 754 magasins de proximité (enseignes Carrefour Express, Carrefour City, Carrefour Contact, So.Bio, etc.), de 584 magasins Cash & Carry, de 264 points de vente (Soft discount et Sam's Club), et de sites de commerce électronique (Carrefour, Ooshop, Quitoque, etc.).
La répartition géographique du CA est la suivante : France (45,9%), Europe (28,4%) et Amérique latine (25,7%).