"Il y a des discussions sur la situation (...)", a-t-il dit à des journalistes en réponse à une question concernant des informations de presse évoquant des négociations de fusion.

Reuters et d'autres organes de presse ont rapporté ce week-end, de sources proches du dossier, que le président du directoire de Deutsche Bank, Christian Sewing, avait accepté d'ouvrir des discussions exploratoires avec Commerzbank.

Le gouvernement allemand met la pression sur Deutsche Bank pour que la banque montre rapidement des signes de redressement durable afin de sortir enfin des difficultés dans lesquelles l'a plongée la crise financière de 2008.

Les partisans d'une telle fusion soulignent qu'elle donnerait naissance à un groupe bancaire affichant une capitalisation boursière de plus de 25,5 milliards d'euros aux cours de clôture de lundi et contrôlant 20% du marché de la banque de détail en Allemagne.

Reuters a rapporté en février que le fonds américain Cerberus, actionnaire à la fois de Deutsche Bank et de Commerzbank, était désormais favorable à une fusion.

Mais d'importants actionnaires de Deutsche Bank restent sceptiques, et le syndicat bancaire DBV a fait savoir qu'il s'opposerait fermement à toute fusion entre les deux banques, qui entraînerait d'importantes suppressions d'emplois.

Une fusion coûterait du temps et de l'argent et ne garantirait en aucune façon de meilleurs retours pour les actionnaires, a déclaré lundi une source proche de l'un des 10 principaux actionnaires de Deutsche Bank.

"Nous sommes toujours contre une telle fusion et par principe nous ne considérons pas qu'il s'agisse d'une bonne idée", a dit cette source.

D'après une autre source, les deux établissements décideront dans les semaines à venir d'essayer ou non de se marier.

LES EXPORTATEURS VERRAIENT UNE FUSION D'UN BON OEIL

Avant toute décision, Deutsche Bank doit présenter un projet détaillé pour l'avenir d'une éventuelle entité fusionnée, a déclaré une personne proche d'un autre actionnaire figurant aussi parmi les 10 principaux investisseurs de l'établissement.

"Nous restons sceptiques sur le fait qu'une fusion puisse faire sens", a dit cette personne.

La fédération des grossistes, exportateurs et prestataires de services allemands (BGA), qui représente des grandes et moyennes entreprises, juge en revanche qu'une telle fusion serait judicieuse si elle permettait l'émergence d'un seul grand établissement aux reins solides.

En raison du durcissement de la réglementation et de la faiblesse des taux d'intérêt, certaines entreprises allemandes éprouvent des difficultés à obtenir des crédits d'exportation auprès des banques, souligne la BGA.

"Il est de plus en plus difficile pour les entreprises de trouver un partenaire capable de fournir un financement", a dit Holger Bingmann, président de cette fédération d'entrepreneurs.

"Le modèle d'entreprise des banques subit des pressions et nous serions ravis de disposer sur le long terme d'au moins un acteur d'envergure mondiale en tant que partenaire pour nos activités internationales", a-t-il ajouté.

Deutsche Bank et Commerzbank ont refusé de s'exprimer sur le sujet lundi.

Les titres Deutsche Bank et Commerzbank ont terminé respectivement en hausse de 4,96% et 7,15% lundi en Bourse de Francfort, soit les deux plus fortes progressions de l'indice bancaire européen qui a terminé en hausse de 1,52%.

(Edward Taylor, Andreas Framke et Tom Sims, avec Rene Wagner à Berlin, Bertrand Boucey et Juliette Rouillon pour le service français, édité par Jean-Michel Bélot et Catherine Mallebay-Vacqueur)