La directrice générale quitte ses fonctions pour motifs personnels, a indiqué Rémy Cointreau dans un communiqué, ajoutant que ce départ interviendrait d'ici la fin de l'année, le temps de trouver un successeur.

Aucune précision n'a été apportée sur les raisons de ce départ, le groupe indiquant toutefois qu'il n'était pas lié à des questions de santé.

A son arrivée en septembre 2014, le groupe contrôlé par la famille Hériard Dubrueil était aux prises avec la chute des ventes de produits de luxe sur le marché chinois liée aux mesures anti-corruption de Pékin.

Cinq ans plus tard, grâce à la reprise de la demande chinoise, à un rééquilibrage des ventes passant par la conquête du marché américain, à une refonte de ses canaux de distribution et à une stratégie focalisée sur le haut de gamme, Rémy Cointreau engrange des résultats record.

Très appréciée des investisseurs, Valérie Chapoulaud-Floquet, spécialiste du luxe passée par L'Oréal et Louis Vuitton (groupe LVMH), a voulu recentrer Rémy Cointreau sur segment "super premium", qui croît deux fois plus vite que l'ensemble du marché des spiritueux.

L'ACTION A PLUS QUE DOUBLÉ DEPUIS SON ARRIVÉE

En 2015, elle s'était fixé pour objectif que le groupe réalise plus de 60% de ses ventes avec des bouteilles à plus de 50 dollars à l'horizon 2019-2020. Cette proportion atteint 51% aujourd'hui, contre 45% en 2015.

Grâce aux performances du cognac Rémy Martin en Chine et aux Etats-Unis, ainsi qu'à celles de Louis XIII, cognac ultra haut de gamme vendu à plus de 2.500 euros la bouteille, le groupe a vu son résultat opérationnel annuel grimper de 14% en 2018-2019 malgré les vents contraires du conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine.

En Bourse, le titre Rémy Cointreau a plus que doublé de valeur depuis son arrivée et, à 29,58 fois les bénéfices estimés pour 2020-2021, ses multiples de valorisation sont plus proches de ceux du luxe que des vins et spiritueux (25,34 fois pour Diageo, leader mondial du secteur, ou 23,8 fois pour Pernod Ricard).

"Elle a apporté aux actionnaires un rendement annualisé de 19,1%, dividendes réinvestis", commentent les analystes de Liberum, tandis que ceux de Jefferies évoquent un "job impressionnant".

Après cette annonce, le titre Rémy Cointreau recule de 2,6% à 125,50 euros à 11h45, alors que le SBF120 cède 0,8%.

Valérie Chapoulaud-Floquet a dit quitter Rémy Cointreau avec "beaucoup d'émotion".

Elle ajoute être "sereine car ses résultats (de Rémy Cointreau), ses fondations, ses équipes et sa vision stratégique permettent d'envisager l'avenir avec optimisme, ambition et succès".

(Gilles Guillaume et Pascale Denis, édité par Bertrand Boucey)

par Pascale Denis et Gilles Guillaume