Paris (awp/afp) - EDF a poursuivi son "rebond" l'an dernier et se montre optimiste pour 2020, le groupe espérant par ailleurs des avancées dans la réforme de la régulation du nucléaire alors que sa dette grimpe.

L'électricien a annoncé vendredi matin un bénéfice net multiplié par plus de quatre en 2019, gonflé comptablement par des résultats financiers liés à la bonne performance des marchés financiers. Il a ainsi atteint 5,2 milliards d'euros (5,5 milliards de francs suisses), contre 1,2 milliard d'euros un an auparavant.

Le groupe a en effet bénéficié de la variation positive de juste valeur de ses actifs dédiés, qui sont destinés à couvrir les frais de démantèlement nucléaire et de gestion des déchets.

Sur un plan plus opérationnel, son excédent brut d'exploitation (Ebitda) a progressé de 12% à 16,7 milliards d'euros, dans le haut des prévisions du groupe et au-dessus des attentes des analystes, tiré par de bonnes conditions de prix et l'activité renouvelables.

Et ce en dépit du recul de la production nucléaire en France et au Royaume-Uni, ainsi qu'une chute de la production hydraulique française.

"Nos performances en 2019 confortent et prolongent le rebond enregistré en 2018: en effet, tous nos objectifs financiers sont atteints, nous sommes un groupe profitable", a salué le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, lors d'une conférence téléphonique.

Pour 2020, EDF se montre optimiste et table sur un Ebitda en progression importante, dans une fourchette de 17,5 à 18 milliards d'euros. Cette année devrait en effet bénéficier de conditions de prix favorables et de la hausse des tarifs réglementés en France.

La production nucléaire française est quant à elle attendue dans une fourchette de 375 à 390 TWh, ce qui peut correspondre aussi bien à un léger recul ou une progression par rapport aux 379,5 TWh réalisés en 2019.

A la Bourse de Paris, l'action EDF bondissait de 6,56% à 12,5 euros vendredi matin dans les premiers échanges, dans un marché en retrait de 0,19%.

Les analystes de Jefferies ont salué une publication "positive" avec "des perspectives robustes".

réforme

L'endettement financier net a pour sa part bondi de 33,4 milliards fin 2018 à 41,1 milliards fin 2019, sous l'effet de l'application de normes comptables mais aussi des investissements dans le nucléaire au Royaume-Uni et pour le déploiement des compteurs communicants Linky.

"Nous sommes structurellement dans une situation d'augmentation de notre dette, sauf à prendre des mesures exceptionnelles", comme des cessions ou une augmentation de capital, a souligné Jean-Bernard Lévy.

"Aujourd'hui où cette dette recommence à augmenter, il est clair que la solution est la modification de la régulation", a-t-il poursuivi.

EDF réclame en effet un changement du mécanisme actuel, baptisé Arenh ("accès régulé à l'énergie nucléaire historique"), qui le contraint à vendre à ses concurrents une partie de sa production nucléaire française à un prix fixe, plutôt bon marché.

Le gouvernement avait présenté à la mi-janvier un projet de réforme de ce mécanisme, pour mieux garantir à l'avenir des revenus à l'opérateur historique. Ce projet fait l'objet d'une consultation et doit surtout obtenir le feu vert de la Commission européenne.

"Nous espérons que dans les mois ou l'année qui vient une solution va être mise en oeuvre", a indiqué Jean-Bernard Lévy.

Cette réforme conditionne l'avancée du projet de réorganisation baptisé "Hercule", qui aurait déjà dû être présenté l'an dernier. Ce plan, redouté par les syndicats, prévoit de créer un "EDF bleu" public, comprenant notamment le nucléaire, et un "EDF vert", coté en Bourse à 35%, incluant les renouvelables et le réseau de distribution.

"Vers la fin du semestre nous pensons avoir bien davantage peaufiné le projet Hercule et être en mesure de faire des propositions concrètes au gouvernement. Si et seulement si pendant ce temps le gouvernement, en liaison avec la commission de Bruxelles, a pu lui-même arrêter ce que sera la future régulation de la production nucléaire française", a insisté M. Lévy.

afp/jh