Pékin (awp/afp) - Les prix à la production en Chine, baromètre de la santé du secteur industriel, ont bondi en décembre à leur rythme le plus élevé en 5 ans, signal positif pour la demande mais qui reflète surtout le renchérissement des matières premières.

L'indice PPI des prix sortie d'usine, qui reflètent à la fois le coût et la demande pour les produits industriels dans la deuxième économie mondiale, a grimpé de 5,5% sur un an en décembre, contre +3,3% en novembre et +1,2% en octobre, a annoncé mardi le Bureau national des statistiques (BNS).

Les analystes sondés par Bloomberg escomptaient une hausse un peu plus modérée (+4,6%).

Cette vigoureuse accélération des derniers mois confirme en tout cas que la longue déflation qui plombait l'industrie chinoise depuis 2012 a bel et bien pris fin.

Scruté de près, l'indice PPI n'avait cessé de se replier pendant 54 mois consécutifs -- miné par une demande atone et de colossales surcapacités qui obligeaient les entreprises à casser les prix --, et la tendance ne s'était inversée qu'en septembre dernier.

Mais le BNS se montrait prudent, insistant sur le renchérissement du charbon et des métaux de base.

Davantage qu'un franc sursaut de la demande, le rebond du PPI s'explique "par une nouvelle hausse des prix des matières premières industrielles, qui pèsent lourdement dans l'indice", abondait Chang Liu, analyste du cabinet Capital Economics.

De son côté, la hausse des prix à la consommation a ralenti en décembre, s'affichant en hausse de 2,1% sur un an, contre +2,3% en novembre, toujours très en-deçà du niveau-cible fixé par Pékin ("environ 3%").

Des températures douces ont conduit à des augmentations moins fortes qu'attendu des prix des fruits et légumes, a souligné Sheng Guoqing, analyste du BNS cité dans un communiqué.

"Dans l'ensemble, la hausse des prix à la consommation a fluctué au cours de l'année passée dans une fourchette étroite autour de +2%, demeurant à un niveau confortable pour les autorités", observait Chang Liu.

L'inflation pourrait cependant s'accélérer nettement en janvier, avec la remontée des cours internationaux du baril de pétrole et surtout l'habituel pic de la consommation avant les longs congés du nouvel an lunaire.

De même, les prix à la production devraient conforter leur rebond en 2017 et soutenir "la croissance nominale du Produit intérieur brut" chinois, estimait Zhao Yang, analyste de la banque Nomura.

Mais la santé économique du géant asiatique reste précaire, avec "une économie réelle confrontée au refroidissement du marché immobilier" et à une potentielle crise de la dette, avertit M. Zhao.

Dans ce contexte, une inflation renforcée pourrait conduire le gouvernement à resserrer sa politique monétaire pour juguler l'envolée du crédit, "ce qui limiterait la croissance économique", juge l'analyste, évoquant "une conjoncture toujours morose".

afp/jh