* Un responsable de Libra devant une commission de la Chambre

* Les représentants aussi critiques que les sénateurs

* Une représentante suggère un projet pilote (Actualisé avec déclarations et précisions)

par Anna Irrera et Pete Schroeder

WASHINGTON, 17 juillet (Reuters) - Facebook a été de nouveau malmené mercredi par les parlementaires américains, cette fois par la commission des services financiers de la Chambre des représentants qui l'interrogeait sur le projet Libra de monnaie numérique.

David Marcus, le dirigeant de Facebook qui supervise le projet, a été auditionné mardi par une commission bancaire sénatoriale sur les risques en matière de confidentialité des données et de protection des consommateurs ainsi que sur les contrôles contre le blanchiment d'argent.

L'ancien président de PayPal a témoigné à nouveau devant le Congrès mercredi, cette fois devant la commission des services financiers de la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates.

Facebook a dévoilé le 18 juin cette cryptomonnaie qui doit lui permettre de s'imposer dans les paiements, les services financiers et le commerce en ligne dans le monde entier à partir des utilisateurs de ses différents réseaux sociaux.

Cette monnaie, non adossée à des Etats ou à des banques centrales, sera gérée par une association composée d'entreprises, d'organisations a but non lucratif et d'institutions universitaires. Son lancement est prévu pour 2020.

"Les projets de Facebook visant à créer une monnaie et un portefeuille numériques, m'inquiètent sérieusement", a déclaré Maxine Waters, présidente de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, dans des propos préliminaires.

"Si le plan de Facebook se concrétise, le groupe et ses partenaires posséderont un immense pouvoir économique susceptible de déstabiliser les monnaies."

Comme celle du Sénat la veille, la commission de la Chambre des représentants a interrogé David Marcus sur des questions allant de l'éventuelle incidence de Libra sur la politique monétaire mondiale à la gestion des données des clients.

L'audition de mercredi promettait d'être encore plus tendue. La commission a déjà fait circuler un projet de loi qui pourrait enterrer le projet en interdisant à Facebook et à d'autres sociétés technologiques d'entrer dans le secteur des services financiers.

"VOUS NE DEVRIEZ PAS LANCER LIBRA DU TOUT"

La représentante démocrate Carolyn Maloney a demandé à David Marcus de s'engager dans un programme pilote Libra avec un million dutilisateurs, supervisé par les régulateurs financiers américains, y compris la Réserve fédérale.

"Je pense que vous ne devriez pas lancer Libra du tout", a-t-elle déclaré. "Vous devriez au minimum accepter de faire ce petit programme pilote."

David Marcus ne s'est pas engagé à réaliser ce programme mais a tenté de rassurer les parlementaires en leur promettant de ne pas lancer Libra tant que les inquiétudes ne seraient pas dissipées.

"Nous prendrons le temps pour que tout ce passe bien", a-t-il assuré.

Il a ajouté que le réseau social avait dévoilé le projet à un stade précoce afin de recueillir les réactions de toutes les parties prenantes.

David Marcus a notamment été interrogé sur les mesures que Facebook comptait mettre en place pour lutter contre le blanchiment d'argent et s'assurer de la protection des données et des fonds des internautes.

"Je crains que la date de 2020 représente une incompréhension profonde de la manière dont Libra pourrait impacter la sécurité financière des Etats-Unis, le système financier mondial, les activités criminelles et les droits de l'homme", a déclaré la républicaine Ann Wagner.

Bien avant ce projet Libra, le réseau social était vivement critiqué pour sa gestion des données privées et pour ne pas avoir suffisamment empêché l'ingérence de Moscou lors de l'élection présidentielle américaine en 2016.

En France, le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a déclaré que le projet de "cryptomonnaie stable" Libra tel qu'il avait été présenté par Facebook ne pouvait pas voir le jour en l'état.

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(Claude Chendjou et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten et Patrick Vignal)