Zurich (awp) - En crise depuis plus d'une année, GAM n'a pas pu juguler la sortie de capitaux au troisième trimestre. Le gestionnaire d'actifs zurichois a subi de nouvelles sorties nettes d'argent dans ses stratégies maison, autrefois principale activité du groupe.

Depuis l'éclatement de l'affaire Tim Haywood en juillet 2018, la masse sous gestion de GAM s'apparente au tonneau des Danaïdes. Les volumes d'affaires ont suivi une lente décrue malgré les apports de Private Labelling, activité regroupant les produits en marque blanche.

A fin septembre, les actifs gérés par le groupe se sont stabilisés (-0,2% sur trois mois) à 135,7 milliards de francs suisses. Au troisième trimestre, les reflux nets ont atteint 1,1 milliard à l'échelle du groupe, selon les indications fournies jeudi.

Une nouvelle fois, les fonds estampillés GAM (Investment Management) sont à l'origine de la contreperformance. Ils ont totalisé des sorties d'argent à hauteur de 1,4 milliard. A quelques exceptions près, toutes les stratégies s'inscrivent dans le rouge.

Dans son communiqué, le groupe pointe notamment du doigt l'aversion au risque des clients constatée en août. Le mois de juillet s'est caractérisé par des afflux nets d'argent. Septembre s'est avéré stable en termes de volumes.

La masse sous gestion s'est ainsi établie à 51,1 milliards de francs suisses, en recul de 1,9%, malgré une contribution positive des marchés financiers et des changes à hauteur de 400 millions.

Investment Management subit toujours les affres de l'affaire Tim Haywood, le gérant vedette suspendu, puis licencié. Un lanceur d'alerte avait signalé des irrégularités dans la gestion des risques et la documentation des fonds Absolute-Return-Bond (ARBF).

Au cours du troisième trimestre, GAM a liquidé entièrement les fonds litigieux et remboursé les clients. Cependant, l'épisode Haywood a entamé sérieusement le capital-confiance du groupe zurichois, dont les volumes d'affaires se sont érodés au-delà des stratégies ARBF.

Candidat à la reprise

Depuis fin juin 2018, dernier pointage avant la crise, les actifs d'Investment Management ont fondu de 40%. Même les passages les plus positifs du communiqué de presse de GAM ne mentionnent pas un retour à des entrées d'argent significatives, souligne la Banque cantonale de Zurich dans une commentaire.

La palette de produits du groupe va continuer à rapetisser, selon l'analyste Michael Kunz. Ce dernier perçoit désormais GAM comme une cible d'acquisition par un tiers. La semaine dernière, l'agence Bloomberg avait fait état de discussions avec un repreneur potentiel, dont l'assureur italien Generali. La direction avait démenti.

Du côté Private Labelling, la masse sous gestion a grappillé 0,7% à 84,6 milliards de francs suisses, grâce à des entrées d'argent de 300 millions et un apport marchés de 300 millions également.

Ces chiffres sont mitigés par rapport aux prévisions des analystes sollicités par AWP. Les déceptions sont à chercher du côté des sorties d'argent (groupe et Investment Management), plus importantes que prévu. Vontobel s'attendait à une masse sous gestion à 52 milliards pour les stratégies maison.

Pour 2019, la direction confirme ses objectifs et table toujours sur un résultat opérationnel inférieur à celui de l'année dernière, en raison d'une diminution importante des actifs sous gestion. Les marchés financiers seront encore sous l'emprise d'une certaine volatilité causée par le ralentissement conjoncturel global, les litiges commerciaux et les tensions géopolitiques.

Afin de répondre à ce contexte difficile, M. Sanderson vise "des gains d'efficacité et une croissance rentable". Le programme de restructuration en cours devrait permettre d'économiser au moins 40 millions de francs suisses en 2019 et déploiera pleinement ses effets l'année prochaine, assure GAM. De nouvelles mesures visant à simplifier les structures seront prises en 2020 et 2021.

Après un début de séance difficile, le titre GAM semblait trouver grâce auprès des investisseurs. A 11h33, l'action prenait 0,5% à 3,762 francs suisses, dans un SPI en hausse de 0,06%.

fr/op